Les manifestants qui brandissaient le drapeau national et l'emblème amazigh, aux côtés des portraits de certains prisonniers politiques, ont scandé haut et fort des slogans hostiles au pouvoir en place et à l'élection présidentielle. Une imposante marche populaire, appuyée par une grève générale de 9h à 13h, pour "exiger la libération de l'ensemble des détenus politiques et d'opinion du mouvement populaire" et "réaffirmer le rejet de l'élection présidentielle du 12 décembre prochain" a été organisée hier à Chemini, dans la wilaya de Béjaïa. Ces deux actions de protestation, qui ont enregistré une adhésion remarquable au sein de la communauté des Ath Waghlis, a été initiée par le comité local pour la libération des détenus du mouvement populaire, né au lendemain de l'incarcération, lors de la marche du 13 septembre dernier, à Alger, du jeune militant Bachir Arhab, membre actif du conseil communal du RCD de Chemini. Le coup d'envoi de cette marche citoyenne, qui a vu la présence des parents de détenus et de nombreuses femmes, a été donné à 10h du village Loudha, pour s'achever devant la placette du 19-Mai-1981, sise en face du lycée Ouddak-Arab de Chemini. Parmi la foule, on a remarqué la présence de nombreux élus du RCD, dont le député Atmane Mazouz et le P/APC de Chemini, le responsable du Centre de documentation et d'information en droits de l'Homme (CDDH) de Béjaïa, Hocine Boumedjane, des syndicalistes, des artistes, des étudiants, des militants politiques et associatifs… Tout au long de leur itinéraire, les manifestants qui brandissaient le drapeau national et l'emblème amazigh, aux côtés des portraits de certains prisonniers politiques, ont scandé haut et fort des slogans hostiles au pouvoir en place et à l'élection présidentielle, prévue pour le 12 décembre prochain. "Assa azekka, Bachir yella yella" (Aujourd'hui et demain, Bachir (détenu de Chemini, ndlr), existera), "Libérez les détenus", "Dawla madania, matchi askaria" (Pour un Etat civil et non militaire), "Ulac l'vote ulac" (Pas de vote), "Mazalagh d-Imazighen" (Nous sommes toujours des Amazighs), "Système dégage"…, sont autant de slogans scandés par la procession humaine. Une prise de parole sera organisée sur la placette jouxtant le lycée, point de chute de la marche. Ainsi, le P/APC de Chemini, Madjid Ouddak, a tenu d'abord à saluer "cette formidable mobilisation" qui, selon lui, signifie que "le combat pacifique mené par les Algériens depuis le 16 février va continuer jusqu'à la chute définitive de la bande mafieuse au pouvoir". "Le pouvoir doit savoir, aujourd'hui, que rien ne pourra nous faire peur. Nous sommes tous des Bachir Arhab, des Bouregâa… La majorité des Algériens n'est pas concernée par le scrutin de la honte annoncé pour le 12 décembre", a-t-il conclu sous les applaudissements de la foule. De son côté, le député Atmane Mazouz indiquera : "Nos détenus politiques sont victimes d'une justice aux ordres. Tout le monde sait que leur incarcération est arbitraire." Avant d'ajouter : "le pouvoir aura la réponse du peuple à l'occasion de sa énième mascarade électorale. Une chose est sûre, il n'y aura pas d'élection présidentielle avant le départ de toutes les figures du régime. La majorité des Algériens ne votera pas le 12 décembre prochain. Ce scrutin connaîtra le même sort que ceux du 18 avril et du 4 juillet derniers." Enfin, le responsable de la Laddh de Béjaïa, Hocine Boumedjane, soutiendra qu'"en dépit des arrestations et des pressions d'un pouvoir despotique, le peuple algérien reste mobilisé et déterminé à poursuivre sa révolution pacifique jusqu'à l'instauration d'une nouvelle république et d'un Etat de droit, civil, démocratique et social". KAMAL OUHNIA