Le profit que peuvent générer les fausses déclarations, la fraude, est en train d'inhiber l'acte productif et les tentatives de mise à niveau de l'appareil industriel. Les organisations patronales, notamment la CAP, la CNPA et l'Unep ainsi que l'UGTA, ont confirmé avoir remis leurs propositions concernant le pacte national économique et social au gouvernement. Pour rappel, les trois partenaires ont convenu, lors de la dernière tripartite tenue le 14 juillet dernier, de “déposer dans une corbeille collective”, avant fin juillet, leurs dernières propositions pour la réalisation du pacte. La Confédération algérienne du patronat, une des plus importantes organisations présentes dans quatorze branches d'activité, évoque plus de 13 points que l'organisation souhaite que le pacte prenne en charge. L'investissement occupe une place importante dans les propositions de la CAP. L'organisation que dirige Boualem M'rakeche revient sur la nécessité de la mise en place des mécanismes d'assurance contre le risque crédit et la variation du taux de change, en offrant aux opérateurs la possibilité d'achat de devises à terme. Concernant le volet financement de l'investissement, la CAP estime qu'un délai maximum de 14 jours pour l'obtention de crédit est plus que raisonnable. De plus, il est souhaitable que les taux d'intérêt soient bonifiés. La CAP demande la mise à la disposition des opérateurs économiques des terrains d'assiette, sous différentes formes, concession, leasing, vente à des conditions bonifiées selon la zone d'implantation, la nature de l'investissement et ses impacts socio-économiques. La CAP aurait voulu que les actes de propriété soient délivrés dans un délai ne dépassant pas deux mois. L'UGTA, par contre, dans son document remis au gouvernement, met en exergue la nécessité d'élaboration “d'une stratégie à long terme de développement économique et social et de politiques industrielles dans lesquelles seront définis les secteurs et les branches qui recèlent des avantages comparatifs et des capacités à créer de la richesse et des postes de travail”. L'Union générale des travailleurs algériens, même si elle ne revendique pas l'abrogation de l'article 87 bis de la loi sur les relations de travail, demande la révision de la politique des salaires. “La revalorisation des salaires est une question cruciale qui permettra aux citoyens, particulièrement aux travailleurs salariés, de pouvoir répondre à leurs besoins essentiels et à ceux de leur famille”, estime l'UGTA. La Centrale syndicale relève dans son document la tendance à la précarisation de l'emploi, à travers le recours systématique au contrat à durée déterminée. Pour la Centrale syndicale, tout cela passe par la mise en place d'une stratégie de développement qui place l'emploi au centre des préoccupations. L'UGTA propose, par ailleurs, le retour au week-end universel. L'actuel week-end, estime-t-elle, engendre beaucoup de pertes à l'économie nationale. Pour rappel, le Chef du gouvernement dans un document remis, lors de la dernière tripartite, aux organisations patronales ainsi qu'à l'UGTA souligne que “le pacte national économique et social n'est point un accord inscrit dans une vision limitée aux attentes des partenaires que sont les travailleurs et les entreprises. Il est bien un engagement pour la mobilisation des capacités nationales au service du développement le mieux réussi possible et le plus juste possible socialement”. Dans son diagnostic, le gouvernement estime que le souci de la productivité est souvent exclu des préoccupations économiques. “Cela fut le cas pendant les deux décennies de prospérité économique relative”, note le document. Cela a été le cas y compris pendant la période de l'ajustement structurel du fait que les protections tarifaires avaient sécurisé un marché local pour la production nationale. “C'est même le cas jusqu'à ce jour”, soutient le gouvernement, y compris pour le secteur privé. Pour les entreprises publiques, explique le document, “le lien juridique maintenu avec l'Etat conduit à des comportements en déconnexion totale avec les réalités de l'entreprise”. Pour les entreprises privées, souligne le texte, “les marges de gain sur les fraudes et autres fausses déclarations conduisent à négliger toute préoccupation de modernisation”. De plus, souligne le document, “la vision rentière parfois des revendications salariales occulte l'obligation pour l'entreprise de lutter pour conserver et améliorer sa place”. Le document explique que “si durant les premières décennies de l'Indépendance, les recrutements excessifs avaient annihilé la productivité, depuis l'entrée de notre pays en phase de crise économique à ce jour, c'est désormais le rythme inconsidéré des augmentations salariales qui devient une entrave non seulement aux recrutements nouveaux, mais aussi à la modernisation de l'outil de production”. Meziane Rabhi