Des centaines de citoyens se sont mêlés hier aux étudiants pour dire non à l'élection présidentielle que tente d'imposer le général-major Ahmed Gaïd Salah le 12 décembre prochain et pour exiger la libération immédiate des détenus d'opinion. Parfaitement organisés comme pour les marches précédentes, les manifestants, parmi lesquels se trouvaient des avocats, des professeurs d'université et des membres d'associations locales, se sont d'abord regroupés, dès 11h, sur l'esplanade du théâtre régional Azzedine-Medjoubi, avant de marcher autour du Cours de la Révolution et le long du boulevard du 1er-Novembre, en scandant des slogans hostiles au pouvoir en place. Plus que jamais, le nom du chef d'état-major était sur toutes les lèvres, décrié, vilipendé et voué aux gémonies par la foule qui l'accuse de tout faire pour insuffler une nouvelle vie au système honni et aux résidus du système bouteflikien. Hommes et femmes ont joint leurs voix aux étudiants des différents pôles de l'université Badji-Mokhtar pour dire "Makanch intikhabat mâa l'îssabat" (Pas d'élection avec la mafia), "Dirou l'intikhabat fi l'Îmarat" (Votre élection, faites-la aux Emirats) et "had el-âam makanch l'vote". Collant à l'actualité et faisant référence à l'événement de l'heure, les marcheurs ont dénoncé les cercles du pouvoir, fortement soupçonnés d'avoir favorisé et arrangé la "fuite supposée" du député de leur wilaya Baha-Eddine Tliba vers l'étranger, afin de le soustraire à la justice algérienne. Ainsi, c'est aux cris de "Aha ! Aou hrab ! Elfil hrab ! Khalaouah ihrab" (Aha ! le pachyderme a pris la fuite ! Ils lui ont permis de fuir), que les Annabis ont exprimé leur colère, soupçonnant une fuite organisée. Devenus de plus en plus nombreux au fur et à mesure que la procession avançait, les participants à cette 32e marche consécutive du mardi ont revendiqué le départ du chef de l'Etat par intérim, Abdelkader Bensalah, et du chef du gouvernement, Noureddine Bedoui, considérés tous deux comme illégitimes, et exigé la restitution du pouvoir au peuple.