Pour sa défense, l'affaire est politique vu qu'il n'y a aucun élément dans le dossier pour l'inculper. De ce fait, le verdict, si son mandant n'est pas relaxé, ne peut être que politique. Le coordinateur de l'Union nationale démocratique et sociale, Karim Tabbou, a comparu, hier, devant le juge d'instruction, qui lui a établi un procès-verbal de première présentation, puis l'a entendu dans le fond de l'affaire. L'interrogatoire a tourné autour de ses activités politiques et de ses publications sur les réseaux sociaux. Soit directement en rapport avec les chefs d'inculpation retenus contre lui, à savoir "incitation à des actes de violence dans le but de porter atteinte à la défense nationale" et "atteinte à l'unité nationale, à travers la diffusion de publications, déclarations et vidéos sur les réseaux sociaux". Selon le code de procédure pénale, Karim Tabbou encourt jusqu'à 20 ans de prison et risque de perdre ses droits civiques et politiques. La chambre d'accusation devra statuer sur la demande de liberté provisoire formulée par sa défense dans un délai de quinze jours. La justice reproche notamment à Karim Tabbou l'appel lancé, aux côtés de six autres personnalités, à manifester le 5 juillet dernier. C'était à l'initiative des jeunes activistes du pacte national pour sauvegarder la patrie que Tabbou, Abdelaziz Rahabi, Mustapha Bouchachi, Samir Belarbi, Fatiha Benabou, Nacer Djabi et Smaïl Lalmas ont lu cet appel, largement partagé sur les réseaux sociaux, pour préserver le caractère pacifique du soulèvement populaire et pour manifester massivement le 5 juillet, jour de la commémoration de la proclamation de l'indépendance de l'Algérie. Selon Me Abdelghani Badi, l'instruction, qui a débuté jeudi dernier, a pris fin avec l'audition de Karim Tabbou dans le fond. "Maintenant, soit le juge va prononcer un non-lieu, soit il va le déférer devant un tribunal pour le procès", dira l'avocat. Et d'ajouter : "J'ai beau chercher dans le dossier, je n'ai rien trouvé qui relève du droit. C'est une affaire politique par excellence et les décisions qui vont être prises par la justice à l'encontre de Tabbou et des plus de 100 autres détenus dans le cadre du hirak seront politiques. Soit on va vers des mesures d'apaisement, soit on va les maintenir en détention." Pour Me Abdelghani Badi, "le système utilise à outrance un code de procédure pénale miné et truffé d'articles pouvant servir dans n'importe quelle situation". Cette affaire de Tabbou, pendante au tribunal de Sidi M'hamed, s'ajoute à celle en cours d'instruction au tribunal de Koléa. Le coordinateur de l'UDS a été placé sous mandat de dépôt le 11 septembre dernier pour "atteinte au moral des troupes", puis remis en liberté provisoire mercredi 25 septembre par la chambre d'accusation près la cour de Tipasa, en attendant son procès. Moins de vingt-quatre après, il est à nouveau interpellé, devant son domicile, et présenté devant le juge d'instruction près le tribunal de Sidi M'hamed.