Ils étaient plusieurs centaines de milliers de manifestants à déferler, en cette veille de la commémoration de la date historique du 5 Octobre, dans les rues de la ville des Genêts. La mobilisation contre l'élection du 12 décembre et pour le changement radical du système ne cesse de prendre de l'ampleur de vendredi en vendredi à Tizi Ouzou, où la 33e marche a été, tout simplement, une impressionnante démonstration de force populaire qui signifie clairement que malgré toutes les manœuvres orchestrées pour le faire taire, le peuple refuse toujours d'abdiquer. Ils étaient, en effet, plusieurs centaines de milliers de manifestants à déferler, en cette veille de la commémoration de la date historique du 5 Octobre, sur les rues de la ville des Genêts pour réaffirmer, avec une détermination plus que jamais perceptible, leur rejet catégorique de toute solution proposée par ceux qui incarnent le régime qui a sévi contre le peuple depuis l'indépendance du pays. Il y avait autant d'hommes que de femmes, de jeunes que de vieux, de nantis que de démunis à marcher, comme de tradition depuis sept mois, côte à côte, souvent main dans la main, pour signifier comme un seul homme aux tenants du pouvoir qu'il ne leur reste désormais qu'à faire leur valise et laisser le peuple prendre son destin en main et remettre le pays sur pied. C'est, bien évidemment, l'élection présidentielle, présentée comme seule et unique solution de sortie de crise par les tenants du pouvoir actuel, que l'impressionnante foule n'a pas cessé de décrier du début de la marche jusqu'à la fin. "Dégage Gaïd Salah, had el âam makach lvot" (Dégage Gaïd Salah, cette année il n'y aura pas de vote), a commencé à scander le premier groupe de manifestants qui s'est ébranlé à 13h30 de l'université de Tizi Ouzou. Un slogan qui n'a pas tardé à être repris par la totalité des carrés de la marche. Outre ce nouveau slogan, la marée humaine scandait également "Dirou el intikhabate fi el Îmarate", "Âamrou el istimarate fi el Îmarate", "Makach intikhabate ya el îssabate". Sur une large pancarte mise en tête d'un carré, on pouvait lire : "Stop aux élections de la honte ! Dégagez !" "Le 12 décembre est une supercherie", "Votre mascarade électorale ne vise qu'un seul objectif : la continuité du système avec la même clientèle politique", "L'issue de votre élection à la hussarde ne sera pas différente de celle qui a poussé le peuple à sortir dans la rue", lit-on encore sur d'autres. Au centre-ville, où beaucoup de manifestants ont pris l'habitude d'attendre l'arrivée des premières vagues de manifestants, la foule est devenue aussi impressionnante que lors des premières semaines du début de la révolution populaire. Lorsque les premiers carrés ont atteint le point de chute de la marche, les derniers étaient encore sur la route longeant le CHU. Entre les deux, le boulevard Abane-Ramdane est devenu noir de monde. Outre le drapeau national et l'emblème amazigh qui ont été déployés par milliers, il y avait des centaines de pancartes sur lesquelles on pouvait lire divers slogans et messages dénonçant le pouvoir. Ils étaient également nombreux dans cette marche les slogans appelant à la libération des détenus d'opinion, à réclamer la dissolution du FLN et du RND et à appeler à poursuivre la révolution, à rester unis et pacifiques.