Le nouveau monarque d'Arabie Saoudite a ravivé l'espoir de réformes dans son pays ultraconservateur en décidant de gracier des militants saoudiens condamnés pour avoir réclamé la réforme de la monarchie, une semaine après son accession au trône. Abdallah Ben Abdelaziz, qui a officiellement succédé à son demi-frère le roi Fahd, mort le 1er août — après 23 ans de règne sur la plus riche puissance pétrolière du monde et le pays le plus fermé de la planète —, a accordé sa grâce à trois opposants réformateurs, condamnés le 15 mai respectivement à 9, 7 et 6 ans de prison. Le roi a aussi gracié l'avocat saoudien qui avait assuré la défense des trois réformateurs. Notre libération est un pas positif et va dans le sens des réformes. Elle est appréciée par les réformateurs, devait indiquer, à l'agence France Presse, l'avocat, incarcéré depuis novembre 2004 sans jugement pour avoir critiqué les pratiques judiciaires durant le procès des réformateurs, accusés d'avoir appelé à l'adoption d'une monarchie constitutionnelle et d'avoir utilisé une “terminologie occidentale” pour demander des changements politiques dans le royaume. Leur détention a été critiquée par les Etats-Unis et les groupes de défense des droits de l'Homme. Les mesures de grâce ont été saluées par des ambassades occidentales dans le royaume, ainsi que par Washington, dont Riyad est le principal allié dans la région. La question est : est-ce que l'Arabie Saoudite est vraiment réformable ? Les récentes élections municipales ont montré la conception que se fait le régime de la démocratie. N'a été élue que la moitié des membres des 178 conseils municipaux du royaume et les Saoudiennes n'avaient pas été autorisées à participer au scrutin ! Si pour les Occidentaux, ces mesures de clémence montrent que Abdallah veut commencer son règne sous le signe de la réconciliation, l'opposition saoudienne à Londres a, en revanche, minimisé leur portée, considérant que par la libération des cinq réformateurs, les autorités ont simplement mis fin à un crime. L'opposition exige la liberté d'expression et de rassemblement, soulignant que pas moins de quatre mille prisonniers d'opinion croupissent dans les geôles des wahhabites. Par ailleurs, Abdallah, qui veut certainement mettre un terme à l'interminable polémique engagée entre son pays et la Libye, a commué en expulsion cinq ressortissants du pays de Kadhafi, dont deux officiers des renseignements, accusés d'avoir préparé un complot pour l'assassiner du temps où il était prince héritier. D. B.