Deux manifestants du hirak oranais, Affif Abderrahmane et Abdelhadi Abbès, ont été entendus, hier matin, sur le fond par le juge d'instruction du tribunal correctionnel de Cité Djamel, à Oran, qui les a remis en liberté en attendant de statuer. "Soit il décide qu'il n'y a pas matière à poursuivre et, dans ce cas, il ordonne le non-lieu, soit il renvoie les parties devant un tribunal correctionnel", explique un des sept avocats du collectif du hirak qui ont assisté les deux suspects, en précisant que le juge d'instruction dispose de quatre mois avant de notifier son ordonnance. Affif Abderrahmane est poursuivi pour port de l'emblème amazigh à travers l'artifice de l'article 79 du code pénal qui condamne l'atteinte à la sûreté nationale, et Abdelhadi Abbès doit répondre des chefs d'accusation d'outrage à corps constitués et d'atteinte à l'unité nationale en raison de certains commentaires qu'il a postés sur facebook. "Ce qui est absurde puisqu'il écrit ce que des millions d'Algériens revendiquent chaque vendredi dans la rue", se désole une avocate. Rappelons que les deux hommes avaient été entendus une première fois le 26 juin par le juge d'instruction qui les avait remis en liberté, alors que le procureur de la République avait requis le mandat de dépôt. Hier matin, pendant que les hirakistes étaient entendus, le comité anti-répression d'Oran avait organisé un rassemblement de soutien en face du tribunal et donné de la voix pendant toute la durée de la procédure. "Libérez les détenus et arrêtez les enfants de Gaïd", "Nos enfants ne sont pas des trafiquants de cocaïne", "Libérez les magistrats, libérez la justice", ont été quelques-uns des slogans scandés par les membres du comité mais également par des citoyens venus dénoncer ce qu'ils considèrent comme une hogra. "Ce que subissent les détenus d'opinion dans l'ensemble du pays et la violence qui s'est abattue sur les étudiants mardi sont intolérables. C'est pour cela que nous rejetons l'élection parce que les tenants du pouvoir, qui permettent les détentions et les violences contre leurs enfants, sont indignes de l'Algérie dont nous rêvons", a résumé un manifestant. S. Ould Ali