L'étudiante Dahmani Nour El-Houda Yasmine (22 ans), interpellée lors de la marche des étudiants, puis incarcérée à la prison d'El-Harrach, vit mal sa détention. Son avocat, Me Abdelhafid Tamert, qui a décrit, dans un témoignage pathétique, le quotidien difficile de la détenue, n'en revient pas, à telle enseigne qu'il fera cet aveu : "C'est la première fois depuis que j'exerce cette profession que je suis resté sans voix." "Maigre, déprimée, mouvements lourds, yeux tristes, distraite, elle ne lève presque pas le visage et ne répond que par oui ou non." C'est là, en effet, l'émouvante description de l'étudiante qu'a livrée l'avocat à la suite de sa visite au pénitencier où croupissent les détenus du mouvement populaire. L'étudiante, qui a été interrogée sur les conditions de sa détention et ses rapports avec les autres détenues, répond : "Je me sens seule", raconte son avocat, qui, dans un post, a écrit des mots qu'il aurait voulu lui dire en face. La jeune fille n'est pas "une criminelle", a rappelé l'avocat. Son seul crime est d'être une étudiante de 22 ans, ou peut-être "sa participation à la marche des étudiants comme tous les mardis depuis le début du mouvement populaire... que tout le monde bénissait avant qu'elle ne devienne un danger pour les intérêts de ceux qui ne respectent pas la volonté de la population", a rappelé encore Me Abdelhafid Tamert. Dahmani Nour El-Houda Yasmine, qui a été interpellée avec une pancarte dans son sac, le 17 septembre dernier, fait partie des 81 détenus d'opinion et politiques qui l'ont été pour port de l'emblème amazigh, pour une pancarte ou pour leur activisme contre le régime. Le CNLD décrit, dans un communiqué récent, des conditions de détention qui relèvent d'"une époque que l'on croyait à jamais révolue".