Pour le quatrième samedi consécutif, les citoyens de la daïra de M'chedallah qui regroupe six communes, se sont mobilisés contre le système et ses "résidus" en organisant une marche durant laquelle ils ont réitéré leur rejet de l'élection présidentielle, tout en réclamant la libération des détenus d'opinion. Ainsi, c'est vers 10h30 que des centaines de manifestants ont afflué des quatre coins de la daïra pour se diriger vers le lieu de ralliement fixé à l'intersection de Bouaâklan, en scandant le désormais célèbre "Ulac l'vote ulac". En effet, pour les milliers de protestataires qui ont arpenté les rues de l'ex-Maillot, les déclarations du chef d'état-major, Ahmed Gaïd Salah, ne correspondent pas aux aspirations populaires et encore moins à "l'esprit" de la révolution de tout un peuple. Selon eux, l'élection que compte organiser le pouvoir vise à "recycler" le système et à le réactiver de l'intérieur. "Toute cette mascarade n'a qu'un seul et unique objectif : permettre au système de se régénérer. Notre peuple n'est pas dupe quant à leur stratégie, et son combat va continuer", dira Ahmed Moussi, un des participants à cette énième démonstration de force de la population de M'chedallah. Pour d'autres manifestants, l'urgence, selon eux, n'est pas d'organiser l'élection présidentielle, mais plutôt de mettre le pays sur la voie de la transition démocratique. "La seule et unique solution à la crise actuelle est de passer directement vers un conseil de transition", a indiqué Hamid Chachoua, élu FFS. Le slogan "Dawla madania, machi aâskariya" (Un Etat civil et non militaire) a été scandé à tue-tête par les marcheurs. Les manifestants ont également exigé la libération des détenus d'opinion incarcérés à El-Harrach. Sur les pancartes brandies, on pouvait lire : "Libérez la justice", "Libérez zawali "(Libérez le pauvre), ou encore "L'identité n'est pas un crime". "Cette nouvelle action est un signe de notre détermination à faire libérer tous les détenus d'opinion", dira le père de Nabil Alloun, un étudiant arrêté la semaine dernière à Alger et mis sous mandat de dépôt. D'autres participants, à l'instar de Hamid Gasmi, élu RCD à l'APW de Bouira, ont clairement mis en exergue le caractère "injuste" et "arbitraire" de ces incarcérations. "Nous sommes là pour exiger la libération immédiate de nos enfants et de tous les détenus d'opinion", dit-il. Quasiment au même moment et dans la commune voisine de Chorfa, plusieurs dizaines de citoyens ont dénoncé "le bradage des richesses du pays" à travers le projet de loi sur les hydrocarbures. "Pendant près de 60 ans nous n'avons pas réussi à mettre en œuvre une économie. Aujourd'hui, ils veulent donner notre seule et unique ressource aux multinationales. Nous disons que notre pays n'est pas à vendre", ont-ils souligné. Selon les marcheurs, le gouvernement de Bedoui "n'a aucune légitimité" pour élaborer des lois aussi sensibles. L'avant-projet de la loi de finances 2020 a été également décrié par les marcheurs.