Tout en s'inclinant face aux demandes de réformes réclamées par les Libanais, le gouvernement de Saad Hariri essaie aussi d'empêcher les manifestants d'occuper la rue de manière permanente, selon la presse locale. Les Libanais ont refusé de mettre fin à leur mouvement de contestation, malgré les réformes annoncées hier après-midi par le Premier ministre Saad Hariri, à l'issue de sa réunion avec les membres de son exécutif. Les manifestants réclament carrément le départ du gouvernement, et avec lui l'ensemble des figures politiques qui règnent sur le Liban depuis trois décennies, qu'ils accusent de corruption et d'être responsables de la crise économique que vit le pays. Hier soir, des milliers de Libanais occupaient encore la place Al-Nour à Tripoli, l'une des plus importantes villes du pays, a rapporté l'agence de presse officielle ANA. "Les manifestants présents sur la place Al-Nour à Tripoli ont annoncé qu'ils ne renonceront pas à leur sit-in malgré l'adoption du document de réforme, exigeant la démission de tous les responsables", lit-on sur le site de l'agence. La même détermination a marqué aussi le 5e jour de rassemblement des Libanais dans la capitale Beyrouth, selon la presse locale. Saad Hariri a affirmé avoir "donné un délai aux partenaires au sein du gouvernement pour mettre en marche un minimum de mesures essentielles et nécessaires", promettant un "budget 2020 sans impôts supplémentaires pour la population" et des baisses de 50% des salaires du président et des ex-présidents, des ministres et des députés, ainsi que de nouvelles taxes sur les banques. "Votre voix est entendue, et si vous réclamez des élections anticipées (...) moi Saad Hariri je suis personnellement avec vous", a ajouté M. Hariri qui n'a pas réussi à convaincre les manifestants exigeant son départ et celui de son staff gouvernemental. "Révolution, révolution" et "le peuple veut la chute du régime" ont répliqué les manifestants à Beyrouth, en réponse aux annonces de Saad Hariri, via des haut-parleurs. En milieu de soirée, des manifestants ont convergé vers le siège de la Banque du Liban, pour protester contre la politique financière menée par les tenants du pouvoir depuis des années, a rapporté le quotidien local Annahar et l'agence ANA, alors que le Premier ministre a promis d'opérer des réformes profondes dans ce secteur. L'ancien Premier ministre Najib Mikati partage quasiment la même exigence de la rue, tout en relativisant sa position. "La solution à la crise actuelle consiste dans la démission du gouvernement et la reconduction du Premier ministre Saad Hariri", a-t-il déclaré sur Sky News Arabia, la chaîne d'information continue à capital saoudien. "Le parti a émis une objection importante lors de la séance du Conseil des ministres et il a imposé des points principaux", a affirmé pour sa part le chef du Parti socialiste progressiste (PSP), Walid Joumblatt. Pour rappel, les manifestations au Liban ont commencé après l'annonce par les autorités des taxes sur l'utilisation des messageries internet (Facebook, Viber, Skype, WhatsApp, etc.). Mais les manifestations ont vite pris l'ampleur d'un vaste mouvement de protestation contre le régime en place, dans un contexte économique et social délétère.