Les Libanais sont sortis hier dans la rue dès les premières heures de la matinée, poursuivant un mouvement de contestation pour le cinquième jour consécutif contre le gouvernement et les symboles d'un régime qui règne sur le pays depuis trente ans. Que ce soit à Beyrouth, Tripoli ou Saïda, des centaines de manifestants ont réaffirmé leur détermination à faire partir l'actuel régime qu'ils accusent de corruption et d'avoir conduit le Liban à la ruine, avec leur politique économique et système confessionnel qui particularise le pays du Cèdre. Ainsi, dans la capitale Beyrouth, les manifestants ont organisé un nouveau rassemblement devant le siège de la Banque du Liban, a rapporté l'agence officielle ANA, ajoutant que les manifestants ont sillonné la ville en scandant "Révolution". À Tripoli, les manifestants ont commencé à affluer à la place al-Nour en fin de matinée, avant d'être rejoints par d'autres personnes au fil de la journée, a rapporté encore la presse locale. "La manifestation centrale se poursuit sur le rond-point Elia à Saïda, dans un contexte de paralysie dans les marchés et les institutions publiques", lit-on encore sur le site de l'agence ANA, qui a fait état de plusieurs axes routiers importants toujours fermés à la circulation depuis plusieurs jours. Ces nouvelles manifestations interviennent au lendemain des réformes annoncées par le gouvernement de Saad Hariri qui ne semble pas avoir vraiment convaincu la rue libanaise qui réclame un changement de régime au Liban. Par ailleurs, le chef du parti socialiste progressiste, Walid Joumblat, est revenu à la charge hier en déclarant, sur twitter que "les réformes adoptées sont des tranquillisants vains", notant que "la vente du secteur public constitue un crime". Le mouvement de colère a pris la classe politique par surprise, déclenché par l'imposition jeudi dernier d'une nouvelle taxe sur les appels passés via la messagerie WhatsApp. L'annulation rapide de celle-ci n'a pas empêché la colère de grandir et, fait exceptionnel, la mobilisation contre la classe dirigeante a gagné l'ensemble du pays.