La France s'exprime, encore une fois, en faveur d'une "transition démocratique" et estime que c'est aux Algériens et à eux seuls, qu'il revient de décider de leur avenir. La prudence continue à caractériser le discours officiel français dès qu'il s'agit d'évoquer l'Algérie. Le message adressé hier par son chef de la diplomatie, Jean-Yves Le Drian, à l'attention des Algériens à l'occasion de la célébration du déclenchement de la Révolution (1er novembre), le confirme amplement. "Le seul souhait de la France aujourd'hui, c'est que les Algériens trouvent ensemble les chemins d'une transition démocratique", a déclaré M. Le Drian enchaînant tout de suite comme pour ne laisser aucune place à d'éventuelles mauvaises interprétations de ses propos : "C'est en effet aux Algériens et à eux seuls qu'il revient de décider de leur avenir. C'est ce que nous espérons pour l'Algérie, compte tenu des liens profonds qui nous rattachent à ce pays." Comment peut-il en être autrement sachant la susceptibilité des Algériens vis-à-vis de l'ancien colonisateur et, notamment, en ces circonstances. Il n'empêche que les choses restent claires pour la France qui, par le biais de son ministre des Affaires étrangères, insiste sur la voie du "dialogue et le respect des libertés". Il dira à ce propos : "Nous saluons l'esprit de responsabilité, de civisme et de dignité qui prévaut au sein du peuple algérien depuis le début des manifestations et qui suscite l'admiration. Nous sommes confiants que cet esprit continuera de s'exprimer pacifiquement, sans entrave, par la voie du dialogue démocratique et dans le respect des libertés d'expression, de la presse et de manifestation." En fait, Le Drian résume, en filigrane, la situation politique qui prévaut actuellement en Algérie sans, cependant, s'attarder sur les dernières évolutions de la crise algérienne qui a atteint son paroxysme. Le diplomate français ne soufflera mot sur les arrestations et les détentions arbitraires des détenus d'opinion, à commencer par Bouregâa, ancien moudjahid et symbole de la guerre de Libération nationale, sous mandat de dépôt depuis plus de quatre mois, malgré une santé fragile, et ce, juste pour avoir exprimé une opinion et/ou une vérité. Il poursuit : "Dans ces moments historiques, nous continuerons de nous tenir aux côtés de l'Algérie et des Algériens. Nous souhaitons que nos deux pays et nos deux peuples, en total respect des souverainetés nationales, poursuivent leur coopération dans l'esprit du respect mutuel qui la caractérise et qu'ils permettent de surmonter ensemble les défis à venir. " Mais ce choix de "prudence", estimé par les uns comme de "l'attentisme", est jugé par d'autres comme une position inconfortable pour la France qui évolue au rythme des accords bilatéraux et des intérêts économiques. Sauf que là, "la France a tout intérêt à œuvrer dans le sens du maintien des équilibres dans la région au risque d'une absence de stabilité à payer cher pour toutes les parties", tranchent à l'unanimité des politologues et autres économistes.