Le cortège officiel venait à peine d'arriver sur les lieux, que les nombreux présents se sont mobilisés pour signifier au wali qu'il était indésirable. Les discussions autour des deux ministres hués, dimanche dernier, à l'entrée de l'entreprise publique Electro-industrie de Fréha, n'étaient pas encore closes, que moins de 48 heures après, c'est au tour du wali de Tizi Ouzou d'être chassé, mardi, par la population d'Azazga. En effet, le wali, Mohamed Djemâa, qui s'est rendu, mardi à la mijournée, sur les lieux du repêchage du jeune décédé après avoir été emporté par les crues de l'oued à Boubhir, a été confronté à une colère et à une grande hostilité des nombreux habitants sur place. Le cortège officiel venait à peine d'arriver sur les lieux que les nombreux présents se sont mobilisés pour signifier au wali, qui n'avait pas encore mis pied à terre, qu'il était indésirable. Les services du protocole du wali et les nombreux gendarmes déployés sur les lieux ont tenté de calmer les esprits. En vain. "Dites-lui de retourner de là où il est venu, on ne veut ni de sa présence ni de celle d'un quelconque officiel", "Dégage, on ne veut pas de toi", "Ils ont laissé cette route comme une piste agricole, et maintenant, il vient voir nos morts, pas question !", lançaient des voix émanant de la foule. Les habitants étaient, ainsi, intransigeants, et leur colère ne faisait qu'augmenter, ce qui a alors contraint la délégation officielle à rebrousser chemin et à quitter les lieux. À vrai dire, la colère des habitants de cette région est loin d'être conjoncturelle. Elle n'est pas liée au seul rejet des officiels, devenu systématique depuis le début de la révolution populaire, mais surtout à une fausse promesse faite par un précédent wali et qui est pour beaucoup dans cette mort d'homme. Cette promesse non tenue remonte à l'année dernière, lorsqu'à la même période et au même endroit, un véhicule avait été emporté avec ses trois passagers par la crue du même oued. Au lendemain de cet accident, le wali avait promis d'engager une opération pour empêcher d'autres accidents. Une opération oubliée dès le retour du beau temps. Hier encore, l'APW de Tizi Ouzou s'est fendue d'un communiqué où elle ne s'est pas contentée de rappeler l'accident et cette promesse non tenue, dénoncant "ce laisser-aller et cette imprévoyance avérée qui nous ont coûté, malheureusement, une vie humaine. Aucun argument ne peut justifier une telle négligence". "Nous avons effectué au début de cette année un déplacement sur ce même site, où un accident similaire a été enregistré. Sur place, nous avons constaté le caractère urgent et exigé de la Direction des travaux publics de prendre les mesures nécessaires à l'effet d'endiguer définitivement ce danger récurrent. L'ancien wali de Tizi Ouzou, présent sur les lieux, avait instruit également le DTP d'engager une opération au niveau de ce site pour le rendre plus sécurisé, mais malheureusement, depuis, aucune action sérieuse n'a été réalisée pour écarter ce danger", a dénoncé l'APW, tout en soutenant que cette défaillance démontre "la légèreté et l'irresponsabilité qui caractérisent la gestion de ce secteur névralgique" qui a bénéficié, l'année passée, ajoute l'APW, d'une cagnotte financière dans le cadre de la prise en charge des dégâts causés par les intempéries.