L'action s'est soldée par des interpellations en série par des policiers plus nombreux sur les lieux que les marcheurs eux-mêmes. Près d'une cinquantaine de jeunes irréductibles du hirak à Constantine ont fortement contrarié, jeudi, dans la matinée, l'organisation d'une marche de soutien à l'armée et à la tenue de l'élection présidentielle du 12 décembre prochain. Les jeunes militants du mouvement populaire, qui étaient, en effet, déjà présents aux abords du palais de la culture Mohamed-El-Aïd-El-Khalifa, ont donné le ton sous une très haute surveillance policière avant même l'arrivée des marcheurs du jour. Ces derniers, qui avaient promis une démonstration imposante, avaient du mal à rassembler ne serait-ce qu'une centaine de personnes et ont dû recourir aux services de quelques jeunes désœuvrés pour le port de leurs banderoles, au moment où les slogans scandés à tue-tête par des activistes du hirak, qui se tenaient à moins de cinquante mètres, étouffaient la sono mobilisée pour la circonstance. C'est que, en matière de moyens, les initiateurs de cette marche n'ont pas lésiné sur les moyens, au point de s'offrir les prestations d'une troupe de fantasia dont les cavaliers sont restés discrets et loin des regards, attendant que les manifestants du hirak se dispersent. Mais c'était compter sans la détermination de ces derniers, qui ont poursuivi bruyamment la procession de fortune au milieu des sifflets et huées de la foule de passants massés aux abords du boulevard, à l'image de cette vieille dame, accompagnée de sa fille, qui n'a pas hésité à s'en prendre au groupe de marcheurs qu'elle traitera de tous les noms d'oiseau, avant de se solidariser toutes les deux avec les jeunes manifestants qui ont fini par asphyxier complètement la marche qui ne valait que par la taille des banderoles déployées. D'ailleurs, les animateurs de la contremarche n'ont pas hésité à désigner un entrepreneur de la nouvelle ville Ali-Mendjeli et non moins proche du FCE comme étant le bailleur de fonds de cette "mascarade", qui prendra fin après 300 m de marche environ, à la suite des premières interpellations de manifestants hirakistes, lesquelles ont été menées avec une rare brutalité. Une vingtaine d'arrestations, violentes le plus souvent, ont été opérées par des policiers présents en surnombre et qui semblaient agir de manière aléatoire. La plupart des personnes arrêtées seront relâchées en début d'après-midi avant que les mêmes scènes d'interpellations se répètent en fin de journée. C'est que les jeunes hirakistes de Constantine, dont des étudiants, avaient pour habitude d'organiser, tous les jeudis à 16h, un forum citoyen pour débattre de toutes les questions liées au mouvement populaire du 22 février à l'endroit où toutes les arrestations ont été opérées. Avant-hier, ses animateurs avaient décidé dans la journée même de dédier leur agora à la solidarité avec les activistes arrêtés dans la matinée, mais les lieux étaient déjà envahis par des policiers, en civil surtout, qui n'ont pas hésité à reproduire les mêmes scènes d'arrestations opérées dans la matinée, provoquant l'indignation des présents qui sont allés se regrouper devant le commissariat central, siège de la sûreté de wilaya, pour exiger la libération de leurs camarades.