Dans nombre de capitales étrangères, les Algériens se sont rassemblés devant les sièges de Facebook pour protester contre la fermeture des comptes de militants du mouvement populaire en cours et dénoncer le parti pris de ce réseau social en faveur du pouvoir en Algérie. Hier, les Algériens résidant à Londres ont, en effet, protesté contre "la fermeture de milliers de comptes d'activistes en Algérie pour tenter de tuer la liberté d'expression, la liberté de la presse et la révolution en Algérie". "Shame on you" (Honte à vous), ont-ils lancé et utilisé le pilon en face de la succursale de Facebook. À Paris, les membres de la diaspora se sont insurgés également contre la censure qui touche leurs concitoyens dans le pays, en scandant des slogans hostiles au réseau social. "Arrêt de fermeture des comptes des militants", "Facebook complice des généraux, combien vous avez eu ?" et "La honte des réseaux sociaux", ont-ils crié. Sur les pancartes brandies, à l'occasion, on pouvait lire aussi : "Halte au musellement de la parole", "Facebook au service des oppresseurs" et "Zuckerberg vous êtes pour ou contre l'émancipation des peuples ?". En Espagne, les Algériens ont déployé des pancartes devant le siège de Facebook et engagé des discussions avec les représentants locaux de la compagnie pour expliquer la situation. Cette vague de contestation "sans frontières" intervient alors que plusieurs milliers de comptes d'activistes ou d'influenceurs, en faveur du mouvement populaire et réfractaires à la feuille de route du régime, ont été fermés. Selon les déclarations des protestataires, il s'est avéré qu'il suffit parfois de quelques signalement des "robots" acquis par le régime pour que des restrictions et fermetures de pages soient décidées à travers son antenne émiratie où se trouve le Head Office de Facebook. Le témoignage d'un activiste, administrateur de la page "Algérie Debout", en l'occurrence Sofiane Benyounès, est assez révélateur. "Vous voulez la preuve que Facebook soutient la dictature en Algérie ? Les robots sont des solutions qui permettent de signaler en masse un compte, un groupe, une page pour deux objectifs : soit le fermer, soit réduire sa visibilité", a-t-il indiqué. Et d'ajouter : "Cette solution a été achetée par la dictature pour combattre le désir de liberté des Algériens et des Algériennes. Mon compte personnel et le groupe Algérie Debout font l'objet d'attaques massives répétées depuis une semaine. À tel point que ce matin, Facebook a retiré deux de mes publications et les a complètement supprimées parce qu'elles ne répondraient pas aux standards de la communauté." En Algérie, Facebook est le réseau le plus utilisé avec plus de 20 millions d'Algériens abonnés, à telle enseigne que c'est à la suite d'un appel partagé sur Facebook que les millions d'Algériens sont sortis, le 22 février, pour réclamer un changement du système politique. Mais l'entreprise avait été condamnée, en 2018, à une amende de 500 000 livres sterling, soit 579 706 euros, dans le cadre du scandale Cambridge Analytica, où les données de 87 millions d'utilisateurs de Facebook avaient servi à la campagne favorable au Brexit et à l'élection de Trump aux Etats-Unis.