Depuis que Mohammad Safadi a renoncé, samedi soir,à diriger le prochain cabinet, la guerre des mots entre les principales forces politiques du pays fait rage. La classe politique libanaise se trouve dans une véritable impasse face au mouvement de contestation citoyenne qui est entré, depuis dimanche, dans son deuxième mois. Au moment où des milliers de manifestants continuaient hier encore de battre le pavé, réclamant des changements profonds, dont le départ de la classe dirigeante, les partis politiques préfèrent se livrer, comme dans une foire d'empoigne, à des accusations mutuelles loin des préoccupations des millions de Libanais. Depuis que Mohammad Safadi a renoncé, samedi soir, à diriger le prochain cabinet, la guerre des mots entre les principales forces politiques du pays fait rage. "On voit donc que la schizophrénie règne dans les plus hautes sphères qui sont dans l'incapacité de céder ou de renoncer au pouvoir pour une alternative transitoire et moderne, allant jusqu'à une troisième République, après la mort de la deuxième", a écrit hier sur Twitter le chef du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt. Ziad Assouad, député du parti Courant patriotique libre (CPL), fondé par le président Michel Aoun, a aussitôt réagi à ces propos, en déclarant sur twitter que "la schizophrénie règne dans vos sphères et guide vos comportements", en référence aux déclarations de M. Joumbalatt. "Vous portez des masques, vous volez, vous rejetez les responsabilités, vous faites couler le sang et les larmes. Vous surfez sur la vague et vous exploitez la révolution. Vous voulez une Troisième République, mais ça ne sera pas la bonne tant que vous ne guérissez pas votre schizophrénie", a-t-il ajouté dans son message. Avant ces échanges d'une rare virulence, le Courant du Futur du Premier ministre sortant Saad Hariri et le Courant patriotique libre se sont rejetés, dimanche, la responsabilité de l'échec de l'option de l'ancien ministre et richissime homme d'affaires, M. Safadi, dont la candidature avait été massivement critiquée par la rue. S'en prenant vertement au président Aoun, Saad Hariri a estimé que le comportement "irresponsable" du président Aoun a empêché la formation du futur gouvernement. Le puissant parti chiite, le Hezbollah, n'est pas en reste. Nabil Kaouk, membre influent du directoire de ce parti, a accusé, sans les citer, des parties de vouloir miner la formation du prochain gouvernement. "Le Hezbollah s'efforce de faciliter les contacts et tractations pour former un gouvernement", a déclaré, dimanche soir, le cheikh Kaouk, mais "certains veulent sciemment miner la formation du nouveau gouvernement, afin de changer l'équation politique entre les différentes formations", a-t-il dit. "Les tractations ont eu lieu pour accélérer la nomination d'un Premier ministre et former un gouvernement mais des forces politiques continuent d'attiser les crises et d'affamer le peuple", a-t-il poursuivi. Commentant cette situation de totale impasse, le président du Parlement Nabih Berri a déclaré hier à la presse, que "sur le plan gouvernemental, la situation actuelle est dans une impasse totale". Selon ses propos, "le pays est comme un bateau qui coule petit à petit. Si nous ne prenons pas les mesures nécessaires, il coulera en entier", a prévenu le président de la Chambre.