Prévu hier au tribunal de Sidi M'hamed, le procès des affaires de corruption impliquant notamment Ouyahia et Sellal a été reporté à demain et ce, pour "absence de conditions d'un procès équitable". Ayant fait l'objet d'une grande publicité, le procès qui concerne des figures du système Bouteflika dans des affaires de corruption supposée, dont deux anciens emblématiques Premiers ministres, Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal, des ministres et des hommes d'affaires, est articulé autour de deux accusations distinctes. La première concerne l'attribution d'indus avantages à des hommes d'affaires dans des concessions liées notamment à la construction automobile. Cette affaire implique, outre les deux anciens Premiers ministres, d'anciens ministres, que sont Mahdjoub Bedda, Youcef Yousfi, Abdeslam Bouchouareb (en fuite) et l'ancienne wali Nouria Zerhouni. La seconde a trait au "blanchiment d'argent et à l'utilisation de biens issus de revenus illicites à des fins criminelles". Dans ce chapitre, la justice devra examiner trois dossiers impliquant une soixantaine de prévenus. Sont accusés dans ces affaires entre autres les hommes d'affaires Ali Haddad, patron de l'ETRHB, Ahmed Mazouz, patron du groupe éponyme, Mohamed Baïri et son frère, patrons du groupe Ival, et Hacène Arbaoui, patron de Global Group, qui assemble notamment des voitures de marque KIA et Hyundai utilitaires. Les deux anciens Premiers ministres et ministres ne sont cités dans ces affaires que comme témoins. En revanche, le fils d'Abdelmalek Sellal, Farès Sellal, est accusé dans une affaire liée aux Mazouz. Mais en l'absence de l'acte d'accusation, il est difficile d'avoir des détails sur ces affaires qui semblent, à tout point de vue, extrêmement compliquées et imbriquées. C'est d'ailleurs à cause de la complexité de ces affaires que le collectif de défense a dénoncé le jumelage de ces affaires. "Il est anormal et illégal de jumeler toutes ces affaires à quelques heures du début du procès", dénonce Abdelmadjid Sellini, membre de la défense. Selon le bâtonnier d'Alger, cette décision du juge, prise "sans consultation de la défense", est la preuve que "le procès est politique" et que "les accusés sont condamnés à l'avance". Selon l'avocat, qui a animé une conférence de presse après l'annonce du report du procès, le tribunal aurait dû juger chaque "affaire" seule. Selon des avocats rencontrés sur place, le parquet s'est précipité dans la programmation de ce procès pour des considérations politiques. La preuve est que, selon Hakim Saheb, avocat, les membres de la défense n'ont même pas été informés de la date du procès. Une information confirmée par Abdelmadjid Sellini. Les deux juristes s'étonnent que d'autres affaires n'aient pu être programmées alors qu'elles attendent depuis longtemps. Si le procès se présente dans les mêmes conditions demain, il risque d'être ajourné une autre fois, les avocats ayant décidé de se retirer en groupe. La justice pourra, en revanche, désigner des avocats d'office.