Le rassemblement dominical des Algériens sur la place de la République s'est déroulé hier au niveau du consulat général d'Algérie à Paris, à proximité de la place de la Nation. Des centaines de manifestants se sont massés devant le bâtiment, gardé par les services de sécurité français. Des fourgons et des agents de la gendarmerie se sont positionnés devant le consulat pour empêcher les manifestants d'accéder aux locaux. Les gendarmes ont, par ailleurs, été réquisitionnés pour accompagner, jusqu'à l'entrée du consulat, les rares votants qui ont défilé dans la journée. Pour marquer leur opposition au scrutin, beaucoup de manifestants brandissaient un carton rouge. "Le régime a été disqualifié par le peuple. Cette élection n'a aucune légalité et le président qui en sortira sera illégitime", souligne Nadia, qui a défilé hier pour la seconde journée consécutive devant le consulat de Paris. Installée en France à la fin des années 90, elle confie n'avoir voté pour aucun des quatre mandats de Bouteflika. "Aujourd'hui, on découvre avec effroi le système de prédation qu'il avait mis en place, et ce système veut se maintenir par des élections", explique la jeune femme. Son mari, qui défilait à ses côtés, pense qu'il est essentiel pour les Algériens de l'étranger de rester mobilisés, afin de donner un écho aux aspirations du peuple pour le changement. "J'étais sidéré ce matin en entendant un journaliste d'une radio française dire qu'il n'arrive vraiment pas à savoir qu'elle est l'ampleur de l'opposition à l'élection, en Algérie. Je ne sais pas si je dois mettre cela sur le compte de la mauvaise foi. Son propos m'a affligé car j'ai pensé au même moment aux millions d'Algériens qui défilent depuis neuf mois contre le régime, toujours avec la même détermination", dit notre interlocuteur. En matière de sensibilisation, les sit-in de la diaspora devant les centres de vote consulaires ont, de toute évidence, porté leurs fruits. Plusieurs médias français ont dépêché hier des journalistes sur les lieux des rassemblements. Des animateurs du hirak en France son également intervenus pour expliquer leur démarche. Dans une interview à la chaîne de télévision Russia Today, Farid Yaker, membre du collectif Dzayer 2.0 et de la section parisienne de l'Alliance des démocrates de la diaspora algérienne (Adda), a affirmé que les expatriés entendent, à travers leurs actions de protestation et de boycott de l'élection, "envoyer un message très fort à leurs compatriotes en Algérie". Selon lui, l'importante abstention constatée dans les bureaux de vote à l'étranger préfigure un rejet tout aussi important en Algérie. Il est à noter que les rassemblements devant les consulats en France se poursuivront jusqu'à jeudi. Le jour même se tiendra dans la soirée un rassemblement sur la place de la République.