à l'occasion de la célébration de la Journée internationale des droits de l'Homme, plus de 150 détenus d'opinion observent depuis lundi soir une "grève de la faim symbolique". L'action, qui s'arrêtera vendredi, vise à dénoncer les "conditions de détention" et "à rappeler le soutien" des prisonniers au mouvement populaire. L'annonce de cette grève a été faite hier à Alger par un groupe d'avocats qui défendent des détenus. Selon Me Badi, les détenus veulent, à travers ce geste, rappeler qu'en cette journée de la commémoration de l'anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'Homme, "leur détention est arbitraire, illégale". Le second message est, selon Me Badi, "politique". Il consiste à rappeler à l'opinion publique que malgré leur détention, "ils soutiennent toujours le mouvement populaire" et "dénoncent l'élection présidentielle". Pour Me Noureddine Benissad, les détenus "se considèrent tous comme des détenus d'opinion". Pour le président de la Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme, ces détenus sont politiques "parce qu'ils n'ont commis aucun crime ou délit. Ils ont été arrêtés juste pour avoir exprimé une opinion ou exercé leur droit de manifester". Pour ces avocats, la situation des droits de l'Homme dans le pays s'est dégradée depuis au moins juin dernier. "Pour la première fois depuis de longues années, le pouvoir ne respecte plus rien. Même pas la morale", a indiqué Me Badi qui a réalisé une étude sur le sujet. "Pour la première fois, le pouvoir ne cible pas une orientation idéologique précise : il arrête des laïcs, des islamistes et des communistes. Mais sa cible est précise. Il arrête des personnes qu'il juge influentes. C'est le cas de Karim Tabbou, de Fodil Boumala et de Samir Belarbi, par exemple. Il arrête des gens capables d'encadrer ou de former des manifestants. C'est pour cela qu'il a mis en prison des militants du RAJ, du RCD ou de Rachad", a-t-il détaillé. Mais pire que cela, Me Badi rappelle que le pouvoir "ne se soucie même pas de la morale puisqu'il arrête un vieux moudjahid pour une déclaration et des femmes qui manifestent". Pour Me Bouchachi, les Algériens "ne peuvent pas prétendre célébrer" la Journée des droits de l'Homme. "Nous nous contentons, pour notre part, d'utiliser cette journée pour sensibiliser sur la nécessité d'instaurer une véritable démocratie pour accéder enfin au respect des droits de l'Homme", a indiqué l'avocat. "L'organisation de cette élection présidentielle ne servira que de socle à la dictature", fait remarquer Me Bouchachi, qui rappelle que le pouvoir actuel va à l'encontre des revendications du hirak. "Il ne peut y avoir de droits de l'Homme dans n'importe quel pays dans le monde s'il n'y a pas de véritable démocratie", s'est-il écrié. Preuve en est que s'il y a effectivement 150 détenus d'opinion, "ils sont des milliers à être conduits, depuis des mois, dans des commissariats sans aucun argument légal. Ce sont tous des détenus d'opinion", rappelle-t-il. Cette conférence de presse a été l'occasion pour les avocats de rappeler que les conditions de détention des prisonniers peuvent être parfois "inhumaines".