Les appels à la retenue ne cessent de se multiplier à Bouira. En effet et dans plusieurs communes de la wilaya, notamment celle de l'Est, les acteurs de la société civile et autres comités de villages lancent des appels dans lesquels ils incitent la population à "ne pas céder aux provocations" le jour du scrutin et à faire "barrage" à l'élection présidentielle de "manière pacifique". Ainsi, dans la commune de M'chedallah (est de Bouira) et après la démolition dans la soirée d'avant-hier du mur de briques érigé par les manifestants devant le siège de la daïra, les citoyens de cette commune ont appelé à ne pas "tomber dans le piège de la provocation", tout en insistant sur le caractère pacifique de la contestation de l'élection présidentielle. Il en était de même du côté de la commune voisine d'El-Adjiba, où le mouvement citoyen local a exhorté la population à "faire preuve de civisme" le jour J. "Nous devons être pacifiques jusqu'au bout. Certes, il est de notre devoir d'empêcher ce simulacre d'élection, mais tout en gardant notre calme et notre lucidité face aux provocations", ont insisté les rédacteurs du communiqué diffusé sur les réseaux sociaux. À Haïzer, une commune des plus frondeuses contre l'élection présidentielle, les citoyens ne cessent d'insister sur le cachet pacifiste et pacifique des manifestations prévues pour aujourd'hui. Dans la localité de Zeboudja, relevant de la commune d'Ath Laâziz, le comité de village a également lancé des appels à la sagesse et à faire montre de "pondération" lors du scrutin d'aujourd'hui. Par ailleurs, dans un communiqué rendu public, plusieurs acteurs du mouvement populaire en Kabylie ont exhorté les citoyens à "ne pas céder à la violence". "Dans le prolongement de la grève générale qui a été suivie à 100%, nous, citoyennes et citoyens, signataires de la présente adresse, préconisons que les villes et agglomérations de Kabylie soient totalement désertes le jeudi 12 décembre 2019", ont-ils appelé, tout en insistant sur la "vigilance" citoyenne. Mais, en dépit des appels au calme et à la vigilance de la part de la société civile, la situation a quelque peu dégénéré, hier en fin d'après-midi, dans la commune de M'chedallah (est de Bouira), où des affrontements ont éclaté entre les opposants à l'élection présidentielle et les forces de l'ordre. En effet, c'est vers 16h30 que des escarmouches ont eu lieu, lorsque la population locale a voulu "chasser" les renforts de gendarmes dépêchés des wilayas limitrophes afin de sécuriser le scrutin d'aujourd'hui. Aux jets de pierres des manifestants, les forces de maintien de l'ordre ont répliqué par des tirs de gaz lacrymogènes dans le but de disperser la foule. Plus tôt dans la journée, les éléments des CRS postés aux abords du lycée Abderrahmane-Ben-Badis et le siège de la daïra M'chedallah ont été "priés" de quitter les lieux par les manifestants, sans qu'aucun incident soit signalé. À l'heure où nous mettons sous presse, aucune interpellation n'a eu lieu, mais la situation demeurait extrêmement tendue.