La proclamation, hier, des résultats provisoires de l'élection présidentielle a été perçue comme un non-événement par les habitants d'Annaba, par les activistes du hirak particulièrement, qui ont marché par milliers sur le Cours de la Révolution, à l'occasion du 43e vendredi. Défiant les membres du service d'ordre qui avaient tenté de rééditer le coup de force de la veille, les premiers citoyens arrivés sur les lieux ont pu se mobiliser malgré tout, à hauteur du siège de la wilaya. Une véritable marée humaine s'est ainsi formée avant d'envahir le centre-ville vers 14h, brandissant des banderoles et l'emblème national tout en scandant des slogans hostiles à ceux qui refusent de se plier aux exigences du peuple. D'une même voix, hommes et femmes ont clairement réitéré leur rejet du vote que ceux-ci ont opposé à leurs revendications, aux cris de "Istiqlal ! Istiqlal", "Talbine, talbine el-houria", en insistant sur le caractère pacifique de cette énième marche. À proximité du théâtre régional Azzedine-Medjoubi, le cortège s'est immobilisé pendant un long moment, l'occasion pour la foule d'entonner l'hymne national et de clamer "Ya Leqbaïel, bravo aâlikoum, el-Djazaïr teftakher bikoum" (Gloire et reconnaissance à vous les Kabyles, l'Algérie est fière de vous) pour signifier leur solidarité avec les habitants de la Kabylie, qui ont refusé que l'élection présidentielle ait lieu dans leurs murs. Les manifestants, que l'immense place arrivait à peine à contenir, ont salué leurs compatriotes résidant en France qui se sont abstenus de participer à ce qui est qualifié de simulacre de consultation électorale. Cela, en "promettant de poursuivre le hirak jusqu'à l'instauration d'une nouvelle république débarrassée des résidus du système honni", comme n'ont cessé de le répéter les irréductibles du mouvement du 22 février.