Pour le moment, l'offre de dialogue d'Abdelmadjid Tebboune ne semble trouver écho qu'auprès de la clientèle habituelle du système. Le front du rejet s'élargit graduellement. Après les étudiants, avant-hier, c'était, hier, au tour des syndicats autonomes membres de la Confédération des syndicats autonomes (CSA) d'investir la rue pour rejeter l'offre de dialogue du nouveau président Abdelmadjid Tebboune et pour dénoncer "la politique du fait accompli ayant imposé un processus électoral, pourtant clairement rejeté par l'écrasante majorité du peuple algérien". En effet, les syndicats autonomes qui ont battu le pavé, à partir de 11h, depuis l'université Mouloud-Mammeri jusqu'à la place de La Bougie, ont exprimé leur refus catégorique de dialoguer avec un président "désigné et non élu", comme il est écrit sur plusieurs pancartes brandies à l'occasion de cette marche. "Le président a été désigné et non élu", "Nous ne dialoguerons pas. Nous négocierons une seule chose : votre départ", "Notre révolution a un objectif : mettre fin à votre règne", lit-on sur certaines des pancartes brandies par les manifestants, qui scandaient aussi : "La hiwar, la chiwar, errahil obligatoire" (Pas de dialogue ni de compromis, votre départ est obligatoire), "Dégage, dégage, houkoumat el bricolage", "Allô, allô, le hirak n'a rien entendu" ou encore "Chaâb la youbaâ" (Le peuple n'est pas à vendre). Deux larges banderoles exprimant l'adhésion des syndicats autonomes au mouvement populaire et leur solidarité avec les détenus d'opinion ont été également déployées par les marcheurs, dont certains avaient un œil bandé en signe de soutien aux manifestants blessés. "Les syndicats autonomes avec la révolution populaire" et "Solidarité avec les détenus d'opinion en grève de la faim", lit-on sur ces bannières. Rencontré lors de cette marche, le coordinateur local du Cnapest, Djillali Ikène, a expliqué que "la date du 12 décembre n'a rien apporté de nouveau. Il est même anormal que le mouvement populaire cesse après dix mois de mobilisation pour se contenter d'un président désigné", a-t-il estimé. "Ce qui est revendiqué est un véritable changement, c'est pourquoi cette marche se veut un signal au mouvement populaire pour lui dire que cette présidentielle n'est qu'une étape qui doit être dépassée avec intelligence, maturité et pacifisme", poursuit ce syndicaliste. "Nous n'avons pas encore abouti à la réelle revendication du peuple algérien qui est celle d'instaurer un véritable Etat démocratique et de droit", a conclu notre interlocuteur.