Si la journée de jeudi a été marquée par la prestation de serment d'Abdelmadjid Tebboune qui a pris officiellement ses fonctions de président, pour plusieurs citoyens, ce fut un jour de colère et d'indignation. Jeudi dernier, trois manifestants ont été condamnés à de lourdes peines de prison pour avoir manifesté leur colère et leur refus des pratiques du pouvoir. À Tlemcen, le juge d'instruction près le tribunal de la ville a placé la jeune manifestante Nour El-Houda Oggadi sous mandat de dépôt. Accusée d'atteinte à l'unité nationale, d'atteinte à corps constitués et d'atteinte au moral des troupes pour ses publications sur Facebook, cette jeune manifestante croupit depuis jeudi dans la prison de la ville. Il faut noter que Nour El-Houda Oggadi est étudiante en master 2 en sciences humaines et sociales. La veille, soit le mercredi, elle a été convoquée par la police de la ville qui a décidé de la maintenir en garde à vue pour la présenter devant le juge d'instruction le lendemain. À Alger, le tribunal de Sidi M'hamed a rendu son verdict dans le procès du jeune poète Mohamed Tadjadit. Accusé d'atteinte à l'unité nationale pour avoir composé des poèmes à la gloire de la "révolution du sourire", Mohamed Tadjadit a été condamné à dix-huit mois de prison ferme. Lors de son procès, tenu le 30 novembre dernier, le procureur de la République avait requis deux ans de prison contre l'accusé, assortis d'une amende de 100 000 DA. Lors du procès, les avocats de la défense ont relevé des manquements graves à la procédure ayant abouti à la mise sous mandat de dépôt du manifestant. Souriant et confiant, Mohamed Tadjadit a rejeté, lors du procès, toutes les accusations portées contre lui par le juge. À rappeler qu'il est poursuivi pour "atteinte à l'unité nationale, selon l'article 96 du code pénal, suite à ses publications sur les réseaux sociaux". Le jeune détenu est également connu pour avoir "composé" la plupart des slogans scandés dans la rue par les manifestants. Mohamed Tadjadit a été arrêté dans un rassemblement de soutien aux détenus d'opinion le 19 novembre dernier aux abords du tribunal de Sidi M'hamed. Placé en garde à vue à la gendarmerie de Bab Jdid, l'activiste a été placé en détention provisoire par le juge d'instruction le 24 novembre. À Boumerdès, c'est le jeune militant Amar Saïdani qui est condamné, ce jeudi, à deux ans de prison ferme. Accusé lui aussi d'atteinte à l'unité nationale, Amar Saïdani a été condamné à la plus lourde peine de prison prononcée contre les manifestants interpellés. Un autre manifestant a également été condamné par le tribunal de Constantine à deux ans de prison. Il s'agit d'Amazigh Semmani, qui devra purger la même peine qu'Amar Saïdani. À rappeler que le procès du jeune Amar Saïdani, originaire d'Iwaquren à Bouira, a été reporté à plusieurs reprises. Selon ses avocats, Mes Kader Houali et Sofiane Dekkal, le procès a été reporté plusieurs fois pour cause d'absence de témoin. Selon la défense, "le jeune Amar est poursuivi pour ses opinions politiques", d'où "le temps pris pour programmer son procès". "Ils sont en train de lui monter un dossier sur la base de données retrouvées sur son mobile", ont déjà dénoncé les deux avocats.