Le Festival du raï tel que l'ont connu les Oranais ces dix dernières années a probablement vécu ses derniers instants, vendredi soir, avec la clôture de l'édition 2005. L'institutionnalisation du festival changera probablement la donne et l'esprit même de ce festival qui aura pour commissaire Hadj Miliani, un universitaire qui suit ce milieu depuis longtemps. Khalida Toumi, la ministre de la Culture qui assistait à la clôture, l'a laissé entendre en parlant de ce festival cher à Oran qui aura désormais un budget spécifique et qui devra s'ouvrir aux musiques du monde. La pluie qui a commencé à s'abattre sur le Théâtre de verdure archicomble n'a pas découragé le public venu écouter le raï et danser sur ses airs. Mais le plateau proposé pour cette soirée semblait concocté en fonction de la présence de la ministre de la Culture qui restera tout au plus une heure. Il aura fallu l'arrivée sur scène de Nedjma pour voir enfin le public réagir et vibrer. La chanteuse de raï est apparue comme métamorphosée. Cheveux blonds relevés en chignon, elle est vêtue de la traditionnelle robe d'Oran. Alors qu'on vient d'institutionnaliser ce festival du raï, Nedjma sera la seule chanteuse de raï qui sera proposée juste avant le départ de Khalida Toumi. Pour le public qui était là à piaffer d'impatience, les vedettes telles que Dauphin, Réda Taliani, Abdou n'étaient annoncées qu'au-delà d'une heure du matin. Durant de longues heures, les spectateurs restèrent fidèles prêts à s'enflammer à chaque instant. Sur les hauteurs du Théâtre de verdure, sur le Front de mer, beaucoup de gens suivaient les prestations des chanteurs de loin, sans être obligés de payer 250 DA le billet d'entrée. Ils ont suivi à leur façon cette dernière édition du Festival du raï. F. Boumediène