L'ancien chef d'état-major des forces loyalistes ivoiriennes, le général Mathias Doué, s'est mis en rupture de ban avec l'institution militaire en menaçant de faire partir le Président Laurent Gbagbo du pouvoir par tous les moyens. Général de division, officier général en activité, juriste de son état, Doué s'est, selon lui, volontairement et en toute conscience retiré du jeu militaire pour s'impliquer dans le jeu politique. Pour ses pairs de l'institution militaire, cet officier se serait laissé manipuler par des forces obscures, brisant le capital de confiance dont il était crédité au sein de l'armée. Le général Doué, limogé en novembre 2004 après l'échec d'une offensive lancée contre la rébellion dans le nord du pays, s'était exilé de la Côte d'Ivoire pour mieux respecter l'obligation de réserve assujettie par son ancienne fonction de chef d'état-major de l'armée régulière. Réagissant à son impair, l'armée a réaffirmé sa fidélité aux valeurs républicaines, le menaçant directement. Les forces loyalistes réitèrent leur ferme volonté de ne tolérer et de n'adhérer à aucun valeur de division ni d'appel à la désobéissance en leur sein, et assurent soutenir les efforts de la communauté internationale dans le processus de paix à travers la médiation du Président sud-africain, Thabo Mbeki. L'intervention de Doué a aggravé un climat politique déjà très tendu à Abidjan, en pleine paranoïa de coup d'Etat. Durant le week-end, un simple feu d'artifice a provoqué, en réaction, des tirs d'armes automatiques et un mouvement de panique dans plusieurs quartiers de la ville, nécessitant l'intervention à la télévision du ministre de la Sécurité pour ramener le calme. R. I.