La population d'Ifri-Ouzellaguen (Béjaïa) a rendu hommage, hier, aux détenus du mouvement populaire né le 22 février, dont deux jeunes activistes natifs de la même localité, Khaled Oudihat et Yazid Kasmi, qui venaient de recouvrer leur liberté après avoir purgé une peine de six mois de prison à la maison d'arrêt d'El-Harrach, à Alger. Pour rappel, ces deux ex-détenus ont été respectivement arrêtés le 21 juin et le 5 juillet derniers à Alger dans le sillage de la vague de répression qui s'est abattue sur les porteurs de l'emblème amazigh. En reconnaissance de leur sacrifice pour le combat démocratique, le collectif des citoyens de la commune d'Ouzellaguen a décidé de leur consacrer une journée hommage au lendemain de leur sortie de la prison d'El-Harrach. Au programme de cette journée, une exposition de photos et d'articles de presse retraçant les six mois de lutte et de mobilisation citoyenne qui ont suivi la date de l'incarcération du militant Khaled Oudihat, dit Tahar, arrêté lors de la marche populaire du 21 juin dernier, à Alger, a été organisée à la placette jouxtant le carré des martyrs du Printemps noir de 2001. Vers 12h, la foule massée autour de cette exposition entamera une marche pacifique en empruntant le tronçon de la RN26 menant du chef-lieu communal d'Ouzellaguen vers le lieudit Oumoussa, sis à la sortie ouest de la ville d'Ighzer Amokrane. Tout au long de leur parcours, les manifestants ont scandé des slogans hostiles au pouvoir en place, tels que "Pouvoir assassin", "Système dégage", "Mazalagh d'Imazighen" (Nous sommes toujours des Amazighs), "Assa, azekka, tamazight tella, tella" (Demain, tout comme aujourd'hui, tamazight existera), "Dawla madania matchi âaskaria" (Pour un Etat civil et non militaire), "Djazaïr hourra démocratia" (Algérie libre et démocratique)… Brandissant les drapeaux national et amazigh, les marcheurs réitèrent l'exigence de la libération de tous les détenus politiques et d'opinion. Une heure plus tard, la procession regagnera son point de départ pour se rassembler sur la place des Martyrs du Printemps noir. Lors d'une prise de parole, certains membres du collectif citoyen local se sont relayés au micro pour retracer l'historique du mouvement populaire en se focalisant sur les actions menées au niveau local depuis le début de la révolution du sourire. Invités à prendre la parole devant une foule compacte, les deux ex-détenus de la commune d'Ouzellaguen et leur codétenu originaire de Béni Maouche ont tenu d'abord à se féliciter de la formidable mobilisation citoyenne en faveur de leur cause, mais aussi de la détermination inflexible du peuple algérien à poursuivre son combat pacifique jusqu'à la chute définitive du régime en place. "Grâce à votre mobilisation exemplaire, nous sommes aujourd'hui là parmi vous. Ensemble, nous allons poursuivre notre mouvement révolutionnaire jusqu'à l'aboutissement de nos revendications. De plus, notre drapeau amazigh continuera à flotter dans le ciel algérien. Nous n'allons jamais abdiquer", ont-ils déclaré, en substance, sous les acclamations de la foule.