Une fois n'est pas coutume, un important dispositif policier a accompagné, hier après-midi, les manifestants de la 46e marche de la révolution à Oran. Entre la place du 1er-Novembre, point de départ de la manifestation, et le siège de la sûreté de wilaya, des dizaines de policiers ont investi les coins stratégiques pour empêcher les baltaguia de s'en prendre aux marcheurs. Tout au long de la rue Larbi-Ben M'hidi, notamment près de Cavaignac, du cinéma Maghreb, à la place des Victoires et à proximité du lycée Lotfi, les éléments de la police antiémeute ont veillé à empêcher tout contact entre les manifestants et les provocateurs, présents malgré tout pour chahuter la marche, mais aussi et surtout à éviter la réédition des tristes événements de la 45e marche. Et c'est, sans doute, la pression exercée sur les autorités administratives et sécuritaires par les citoyens d'Oran et la Laddh à la suite des lâches agressions de vendredi dernier qui a amené la sûreté de wilaya à mobiliser les moyens nécessaires à la sécurisation de la marche d'hier. Il faut rappeler que des Oranais avaient signé une pétition dénonçant les violences subies par les manifestants et mettant les autorités locales devant leurs responsabilités en cas de dérapages irréversibles. C'est ainsi que des policiers en uniforme ont marché à côté des manifestants, des cordons de sécurité dressés entre les manifestants et leurs adversaires et que des véhicules de police ont suivi les marcheurs jusqu'au niveau du lycée Lotfi. "Pour une fois, la police accomplit sa mission de protection des personnes. Si elle n'avait pas fait preuve de passivité la semaine passée, les baltaguia n'auraient jamais osé s'attaquer aux manifestants pacifiques", a estimé un universitaire. À travers leurs slogans et pancartes, les manifestants de cette 46e marche ont, notamment, réitéré leurs appels à la libération de l'ensemble des détenus d'opinion, à l'instauration d'un Etat civil, à l'indépendance de la justice et à l'ouverture des médias, particulièrement audiovisuels qui n'ont pas été épargnés par les critiques acerbes, humiliantes. "Ya sahafa, ya chiatine, n'touma sbabna yal madlouline" (Presse flagorneuse, responsable de nos malheurs), ont répété les manifestants pour dire tout le bien qu'ils pensent des médias et leur rôle dans les événements qui agitent le pays. Les marcheurs, notamment les plus jeunes, ont également exprimé leur disponibilité à servir le pays au moment où les événements s'accélèrent en Libye. "Teshakna bladna, rana fi libya, hnaya ouledha machi goumia" (Nous sommes à la disposition du pays, nous sommes ses enfants pas des harkis), ont-ils également scandé à plusieurs reprises. Hormis des provocations mineures et sans conséquence sur la marche, aucun incident n'a été signalé hier et les manifestants ont pu accomplir leur premier périple de l'année sans encombre.