Le collectif, composé d'une quarantaine d'associations, a joué un rôle actif dans la conférence du 15 juin dernier, conclue par une "feuille de route" pour une transition démocratique. S'il y a un mérite que le collectif de la société civile, composé d'une quarantaine d'associations (Ligues des droits de l'Homme, SOS disparus, RAJ, associations et certains syndicats autonomes), semble accorder au "coup de force" électoral du 12 décembre, qu'il a rejeté au demeurant, c'est sans aucun doute la décantation qui s'est opérée entre les partisans de la "rupture" et ceux de la "continuité". Partisan dès le début du mouvement en février dernier d'une solution démocratique, à travers l'élargissement de la concertation en faveur de la création d'un rapport de force, et d'un compromis avec le pouvoir, le collectif a joué un rôle actif dans la conférence du 15 juin dernier, conclue par une "feuille de route" en faveur d'une transition démocratique. Cette conférence sera élargie le 24 août à de nombreux acteurs politiques où de nombreuses convergences apparaissent avec d'autres initiatives nées quelques semaines plus tôt, dont celle du Pacte de l'alternative démocratique (PAD, 26 juin) et celle du Forum des forces pour le changement (6 juillet). Parmi les points de convergence : un consensus autour du respect des préalables démocratiques. Quant à la principale divergence, elle résidait dans la priorisation entre la révision de la Constitution et l'élection présidentielle. Mais tous étaient unanimes à l'idée d'une conférence qui devait se tenir à l'automne. Reste que la démarche a été contrariée par de nombreux aléas, à commencer par les arrestations qui ont ciblé de nombreuses figures de la société civile et des acteurs politiques. Puis vint la commission de dialogue et de médiation de Karim Younès, parrainée par le Forum civil pour le changement, une des dynamiques qui avaient pris part à la conférence de juin, et enfin la convocation du corps électoral, perçue comme visant à "casser l'initiative de la conférence" et qui a fini par être cautionnée par certains acteurs politiques, à l'image d'Ali Benflis (dont un représentant a participé à la réunion du 24 août), d'Abdelkader Bengrina et de Mohamed Saïd. Avec la proximité de l'échéance électorale, d'autres aléas sont venus s'y greffer, comme ce refus de certains syndicats de prendre une position franche par rapport au scrutin. "Aujourd'hui, passé le cap du ‘fait accompli' de l'élection et de la défection de certains acteurs politiques, des convergences se dessinent entre toutes les initiatives et toutes les sensibilités qui épousent les idées du hirak", estime Saïd Salhi, vice-président de la Laddh et membre du collectif, conforté dans la vision par la détermination du mouvement à faire aboutir sa revendication de changement radical du système, comme il l'a encore montré vendredi dernier. C'est pourquoi il soutient que les concertations se poursuivent et vont se renforcer notamment avec des figures qui émergent du hirak, parmi notamment les étudiants, mais également avec les détenus qui vont être libérés, en vue d'aller à une conférence qui devrait avoir lieu probablement à l'occasion du premier anniversaire du hirak, en février prochain, comme perspective politique. "Aujourd'hui, il y a une mise en jonction de toutes les initiatives qui s'inscrivent dans le hirak. On préconise d'abord le dialogue au sein de celui-ci et la conférence ou le congrès seront l'espace idoine de dialogue, d'échanges pour aboutir à une plateforme commune en faveur de la transition démocratique", dit-il. Avec ce détail qu'elle devrait intégrer dans les débats, la nature du processus constituant. En attendant, il invite les acteurs politiques à méditer les conséquences des "volte-face" de Benflis d'autant que la perspective des législatives risque de diviser davantage la classe politique. "Ça ne sert à rien que chacun négocie à sa façon. Les partis qui veulent négocier doivent méditer l'échec de Benflis car le pouvoir cherche des sous-traitants politiques, pas des partenaires politiques", conclut-il.