Il lui est reproché, selon ses dires, ses tweets subversifs qui induisent en erreur l'opinion publique. Aussi, lui a-t-il été signifié que son interpellation est un dernier avertissement sous peine de poursuites judiciaires. Pour s'être affirmé, dès le début du mouvement populaire en février dernier, comme témoin et relais des cris de la contestation, particulièrement à travers les réseaux sociaux, le journaliste Khaled Drareni, dont le tort visiblement est de faire son métier, continue à avoir maille à partir avec les services de sécurité. Jeudi encore, il a été interpellé chez lui par "deux officiers" en civil qui l'ont conduit dans un lieu à Hydra où il a subi un interrogatoire de plus de sept heures, selon son témoignage publié sur sa page Facebook. "Ce jeudi 9 janvier 2020 à 15h22, deux officiers se sont présentés chez moi à la rue Didouche-Mourad et m'ont emmené (de mon plein gré) dans un lieu situé à Hydra, j'y suis resté jusqu'à 23h00", écrit-il. Le journaliste ne précise ni le lieu exact ni les raisons de son interpellation dont il suggère qu'elle serait liée à ses tweets sur le hirak. "Tout ce que je peux dire, c'est qu'on m'a précisé que c'était le ‘dernier avertissement' et on m'a demandé de ne plus faire de ‘tweets subversifs' et de ne plus ‘induire en erreur l'opinion publique' sous peine de poursuites judiciaires", déclare-t-il. En décodé : on semble lui reprocher de mettre en avant des slogans scandés dans le hirak, d'où le qualificatif de "subversifs". Pourtant, il ne fait, en sa qualité de journaliste, que relayer des slogans repris par des milliers de manifestants et des pancartes brandies lors des manifestations. Faut-il, dès lors, considérer les manifestants de subversifs ? Ou est-ce l'impact de son travail, étant suivi par plus de 130 000 personnes sur twitter, qui semble incommoder "en haut lieu" ? "J'ai signé à la fin un procès-verbal qui a sanctionné cet interrogatoire en apposant une empreinte de mon index gauche (c'est toujours mieux que l'empreinte bleue)", ironise-t-il avant d'ajouter, avec dépit : "La seule véritable violence que j'ai subie est qu'on remette en cause mon patriotisme, alors que nous étions à une centaine de mètres de la rue Mohamed-Drareni (mon oncle paternel)". Il faut dire que ce n'est pas la première fois qu'il est interpellé. Il y a quelques semaines, il a eu droit à un interrogatoire similaire. Figure émergente sur la scène médiatique, Khaled Drareni est correspondant de plusieurs médias étrangers. Il est également correspondant de RSF et porte-parole du Collectif des journalistes algériens unis (CJAU). Son interpellation, dont l'alerte a été donnée par RSF, a aussitôt enflammé la Toile. "Suite à l'interpellation arbitraire de notre porte-parole, M. Khaled Drareni, nous, membres du Collectif des journalistes algériens unis, dénonçons ces pratiques qui portent atteinte à la liberté de la presse", a réagi, hier, le collectif. Mais loin de se laisser intimider, Khaled Drareni a couvert la marche d'hier.