Des femmes, des lycéens et même des personnes âgées et aux besoins spécifiques se sont mêlés à la foule estudiantine pour crier haut et fort : "Etat civil, pas militaire." Les étudiants, nombreux, ont de nouveau battu le pavé, hier à Alger, pour réitérer leur détermination à poursuivre la mobilisation jusqu'à l'instauration d'une "nouvelle Algérie". C'est en scandant "Assa azekka, février yella yella" (Aujourd'hui, demain, on atteindra le mois de février pour boucler un an de hirak) — un nouveau slogan qui fait son entrée dans le registre de la contestation hirakiste — que les étudiants ont marché hier pour le 47e mardi. La mobilisation était hier plus importante que les précédentes semaines. Elle a été boostée, semble-t-il, par les dernières annonces faites par la présidence de la République visant à accélérer les réformes à travers le projet de révision de la loi fondamentale. De la place des Martyrs au jardin Mohamed-Khemisti en passant par la place Maurice-Audin et la rue Mustapha-Ferroukhi, les manifestants ont massivement battu le pavé des principales artères du parcours du hirak à l'occasion du 47e acte de la contestation populaire. À l'instar des hirakistes du vendredi, les manifestants du mardi ont réitéré leur rejet de la présidentielle du 12 décembre qui a permis à Abdelmadjid Tebboune de s'installer au Palais d'El-Mouradia. Des femmes, des lycéens et même des personnes âgées et aux besoins spécifiques se sont mêlés à la foule estudiantine pour crier haut et fort : "Etat civil, pas militaire." En somme, ils ont réaffirmé leur attachement à la primauté du civil sur le militaire. Ils ont aussi marqué de longues haltes au niveau de certaines bifurcations pour rappeler les aspirations démocratiques du peuple. D'autres marcheurs drapés dans l'emblème national reprennent en chœur le refrain en vogue sur la solidarité des Algériens entre eux : "Les Algériens sont des frères, le peuple est et restera toujours uni." Alors que d'autres marcheurs scandaient des slogans hostiles au pouvoir. Ils ont notamment insisté sur la nécessité d'une rupture radicale avec le système politique. Outre les pancartes portant les traditionnels slogans, les étudiants ont déployé pour la première fois une immense banderole sur laquelle on pouvait lire en arabe les principales revendications du hirak populaire. Ces doléances, qui sont déclinées en 14 points, coïncident avec l'entame des consultations politiques d'Abdelmadjid Tebboune avec des personnalités nationales, notamment Mouloud Hamrouche et Ahmed Taleb Ibrahimi. Les hirakistes revendiquent "une transition démocratique négociée, une ouverture politique et médiatique, la séparation des pouvoirs, la réduction des attributions du chef de l'Etat, l'indépendance de la justice, la dissolution des deux Chambres parlementaires, la révision des lois adoptées en 2019, la dissolution du FLN et du RND et des syndicats satellitaires, la poursuite de la lutte contre la corruption et l'organisation d'une conférence nationale populaire souveraine". À travers cette série de revendications, les étudiants confirment, une fois de plus, l'esprit du mouvement et leur profond attachement aux engagements pris par le peuple le 22 février 2019. L'interminable cortège estudiantin a aussi brandi des écriteaux appelant à la libération des détenus politiques et d'opinion. En atteignant le jardin Mohamed-Khemisti, les étudiants se sont dispersés dans le calme en se donnant rendez-vous pour le 48e mardi.