Au 48e vendredi, le mouvement populaire ne faiblit pas. L'essoufflement tant attendu par certains analystes et responsables est démenti, chaque vendredi, par une mobilisation citoyenne toujours aussi grandiose que constante dans ses revendications dont "le départ du système et l'instauration d'un Etat de droit". Ce vendredi, à Bordj Bou-Arréridj, les manifestants étaient au rendez-vous. Ils étaient aussi nombreux que les semaines précédentes. Malgré le blocus médiatique et les tracasseries policières, tout comme les autres vendredis, juste après la prière, les rues du centre-ville de Bordj Bou-Arréridj ont été investies par une foule multicolore. Drapés dans l'emblème national, les Bordjiens ont scandé les différents slogans du hirak tels que "Etat civil et non militaire", et appelé à la libération des détenus d'opinion. Pour ce vendredi, Didouche Mourad était à l'honneur. Les marcheurs ont crié : "Allah Akbar Didouche Mourad !", tout en dénonçant les manœuvres du pouvoir pour affaiblir et mettre un terme au hirak. "Nous refusons les appels au dialogue alors que la répression, les arrestations et les intimidations sont toujours à l'ordre du jour", dira un manifestant qui exhibe une convocation des forces de l'ordre. Comme la semaine passée, les manifestants ont écourté et changé leur itinéraire en raison de quelques éléments perturbateurs, tentant désespérément de faire échouer les marches de ces milliers de citoyens. La procession a repris ses droits en scandant : "Ohé, ohé, on ne va pas s'arrêter", "Dites-leur, Karim Tabbou a laissé un testament : silmya", "On dit à la issaba dégage", "On a dit l'unité et le pacifisme pour la liberté". Les manifestants ont aussi appelé à la libération de tous les détenus du hirak dont Brahim Laâlami. "Libérez nos enfants, ils n'ont pas vendu de la cocaïne !", "Libérez Karim Tabbou, le peuple ihabou", scandait la foule. "Tant que la démocratisation réelle du pays n'est pas mise en œuvre, tant que la justice n'a pas conquis toute son indépendance, tant que la presse n'a pas acquis sa totale liberté, tant que la issaba est toujours au pouvoir, tant que les détenus sont toujours en prison, tant que les droits humains ne sont pas scrupuleusement respectés, le hirak pacifique continuera", lit-on sur une grande pancarte brandie par trois jeunes.