Les participants à la Conférence internationale de Berlin sur la Libye se sont engagés hier à mettre fin à toute "interférence" étrangère dans la guerre que vit ce pays voisin depuis neuf ans, mais sans réussir pour autant à faire accepter aux parties libyennes la conclusion d'un accord de cessez-le-feu. C'est ce qu'a affirmé en début de soirée la chancelière allemande Angela Merkel, initiatrice de cette rencontre, sous l'égide de l'Onu, lors d'un point de presse à l'issue de la Conférence de Berlin. Si l'Allemagne a réussi à unifier la position des membres de la communauté internationale pour mettre fin à l'ingérence étrangère en Libye, ainsi que sur le respect de l'embargo sur les armes imposé par l'Onu depuis 2013, Berlin n'a pas pu convaincre les belligérants libyens à transformer la fragile trêve en vigueur à Tripoli depuis une semaine en un accord de cessez-le-feu durable et permanent. La chancelière allemande Angela Merkel a affirmé que les discussions avec les parties libyennes se sont déroulées séparément, le chef du gouvernement d'union nationale (GNA, Tripoli), Fayez al-Serraj, et Khalifa Haftar, le bras armé des autorités parallèles de l'Est libyen, se refusant à toute rencontre directe. Ainsi, il ne sera pas possible pour l'instant de mettre en place une force internationale pour assurer la mise en place d'un cessez-le-feu qui n'existe pas, a répondu le SG de l'ONU, Antonio Guterres, aux journalistes. Les mécanismes de la mise en place du cessez-le-feu ont été au cœur d'un débat houleux, selon des participants ayant requis l'anonymat, ont rapporté des médias présents sur place. Car, il était question entre autres d'un possible déploiement d'une force internationale d'interposition onusienne, comme cela a été suggéré par le chef du gouvernement libyen d'union nationale, Fayez al-Serraj, dans un entretien qu'il a accordé samedi au quotidien allemand Die Welt. "Si Khalifa Haftar ne met pas un terme à son offensive, la communauté internationale va devoir intervenir avec une force internationale de protection de la population civile libyenne", avait affirmé M. Al-Serraj. "S'il y avait un cessez-le-feu, nous pourrions évidemment faire ce que nous faisons très bien, c'est-à-dire envoyer des gens, des experts pour surveiller ce cessez-le-feu", a déclaré le Premier ministre britannique, Boris Johnson, à son arrivée à Berlin à la chaîne de télévision Sky News. "J'en ai parlé avec (Antonio) Guterres (le secrétaire général des Nations unies), l'Italie est prête à apporter sa contribution", a assuré le chef du gouvernement italien Giuseppe Conte, en référence à l'envoi d'une force internationale en Libye. "Je pense qu'il faut discuter de cette question à la base d'un consensus", a déclaré Mikhaïl Bogdanov, représentant spécial de Vladimir Poutine pour le Proche-Orient et l'Afrique, cité par l'agence de presse publique RIA Novosti. "Je dois vous dire la vive inquiétude que m'inspire l'arrivée de combattants syriens et étrangers dans la ville de Tripoli, il faut que cela cesse", a affirmé de son côté le président français Emmanuel Macron à l'adresse de son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan. "Le temps d'une action immédiate et déterminée est venu pour empêcher une guerre civile totale", a dit le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres lors de ce sommet de Berlin. "Vous avez affaire fondamentalement à une guerre par procuration pilotée par des forces extérieures, qu'il s'agisse de la Russie et de l'Egypte, d'un côté, et de la Turquie et d'autres, de l'autre côté (...)", lui a fait écho Boris Johnson. Loin d'être une solution au conflit, la conférence de Berlin se voulait d'abord comme un début de solution à la guerre en Libye, qui est entrée dans sa neuvième année.