Encore une fois, les hirakistes ont scandé, comme chaque vendredi, ce message devenu immuable : "Abane a laissé une recommandation : un Etat civil et non militaire." C'est un "hirak oranais" requinqué et remobilisé pour ce 49e vendredi de contestation pacifique qui a eu lieu hier dans les rues du centre-ville d'Oran avec le même parcours immuable et la constance politique des slogans. Néanmoins, et alors que le hirak se dirige vers la date symbolique et importante du 22 février 2020, soit un an de manifestations, les Oranais qui sont sortis sous un soleil printanier ont plus particulièrement réagi aux propos que le président Tebboune a tenus lors de sa rencontre avec quelques directeurs de médias publics et privés. Dès 14h, à la place du 1er-Novembre, le ton a, en effet, été donné avec des pancartes où l'on pouvait voir un rejet catégorique de l'option gaz de schiste en Algérie. En langues arabe, française et anglaise, des manifestants ont ainsi brandi des affiches refusant le "gaz de schiste", "un danger pour l'environnement". Un slogan repris par les manifestants interpellait le chef de l'Etat : "Le gaz de schiste, faites-le à Paris." D'ailleurs, cette question a provoqué des déclarations sans ambiguïté chez des citoyens sur la prestation de Tebboune devant la presse. Lui non plus n'a pas été épargné. "Il nous a démontré que finalement el-îssaba est toujours là, et veut toujours la prédation des richesses du pays… Il se moque de nous, du peuple et ne veut toujours pas apaiser le pays", ont fustigé certains alors que d'autres dénonçaient : "Ses serviteurs osent nous dire d'arrêter de sortir. Eh bien, voilà pourquoi nous continuerons !" Un jeune, très ironique, lâchera : "C'est bien ! Le chef de l'Etat devrait parler plus souvent à la télé", en évoquant la mobilisation retrouvée. Les prisonniers politiques ont également été salués comme des héros par la manifestants qui ont demandé "la libération de tous les détenus d'opinion", comme écrit sur une pancarte brandie par une jeune femme. Les portraits des principaux détenus d'opinion étaient particulièrement visibles, notamment celui de la jeune étudiante Nour El-Houda Oggadi. Par ailleurs, la revendication d'un "Etat civil et non militaire" a été scandée du début à la fin comme chaque vendredi, avec ce message repris par tous les hirakistes : "Abane a laissé une recommandation : un Etat civil et non militaire." À noter qu'à nouveau hier et à maintes reprises sur certains points de passage des hirakistes, le retour de baltaguia a, une fois de plus, failli dégénérer, lorsque des ados encadrés par des adultes ont proféré des insultes et des grossièretés à l'endroit des femmes très présentes ce vendredi. Certains en sont même venus aux mains et des policiers ont dû les séparer. Les milliers d'Oranais sont néanmoins restés imperturbables, poursuivant leur procession avec une halte devant le siège de la wilaya, puis pour revenir vers la place du 1er-Novembre en empruntant le Front de mer, toujours escortés par les fourgons des forces de l'ordre.