Des milliers de manifestants sont sortis, hier à Bordj Bou-Arréridj, pour le 49e vendredi consécutif du hirak pacifique. Une impressionnante mobilisation a été observée en effet dans les rues de Bordj Bou-Arréridj et de Ras El-Oued. Les manifestants ont réclamé l'institution d'un "Etat civil et non militaire", une "Algérie libre et démocratique", "la libération des détenus d'opinion", et dénoncé "l'illégitimité du Président". Drapés dans le drapeau national ou dans l'emblème amazigh, les manifestants ont insisté sur le rejet du discours de Tebboune qui veut revenir à l'idée de l'exploitation du gaz de schiste. "Le gaz de schiste est un danger sur l'Algérie !", "Tebboune illégitime n'a pas le droit de sacrifier l'avenir de l'Algérie", "Qu'ils aillent exploiter le gaz de schiste en France !", "Non au gaz de schiste !", ont scandé les marcheurs. Les autres slogans forts de ce 49e vendredi étaient sans conteste : "Libérez Karim Tabbou, echaâb ihebbou !", "Pas de dialogue, il y a Karim Tabbou pour les négociations !", etc. Les Bordjiens, portraits des martyrs et des détenus d'opinion à la main, ont aussi appelé à libérer tous les autres détenus d'opinion dont Brahim Laâlami, enfant de la wilaya. Comme pour confirmer le retour en force de la police sur le terrain depuis deux semaines, un important dispositif policier était en place hier encore et des fourgons, ainsi que des voitures appartenant à ce corps des services de sécurité étaient ostensiblement stationnés à tous les carrefours sur l'itinéraire de la marche. Des instructions auraient été données pour assurer la sécurité des marcheurs face à d'éventuelles agressions de baltaguia, comme il y a trois semaines. Les marcheurs, qui se sont regroupés avant le début de leur marche, à 13h, ont engagé un débat autour de la dernière intervention de Tebboune et surtout sur les dangers de l'exploitation du gaz de schiste. "C'est pour nous détourner du hirak", dira Mokhtar, un universitaire. "Le peuple a rejeté le gaz de schiste et ceux qui le proposent", ajoute-t-il en précisant qu'"il est temps que ce pouvoir écoute le peuple et arrête ses manœuvres" car "l'Algérie va droit dans le mur".