Elyes Fakhfakh, désigné chef du futur gouvernement tunisien, a assuré vendredi vouloir une coalition large tout en excluant deux partis : Qalb Tounes, qui pâtit des poursuites judiciaires contre son dirigeant, et le Parti destourien libre, qui critique la révolution de 2011. Le président Kais Saied a désigné lundi cet ancien ministre des Finances et ancien cadre d'une filiale de Total, âgé de 47 ans, pour former d'ici un mois un gouvernement susceptible de convaincre le Parlement, après le rejet par les députés d'un précédent gouvernement. Lors d'une première conférence de presse depuis sa désignation, M. Fakhfakh a dit vouloir une coalition politique large afin de soutenir "le gouvernement attendu, pour qu'il ait une confiance large et solide à l'Assemblée des représentants du peuple". Mais cette coalition ne comprendra pas, selon M. Fakhfakh, le second parti siégeant au Parlement, Qalb Tounes (38 sièges), dirigé par l'homme d'affaires Nabil Karoui, qui est toujours poursuivi pour fraude fiscale et blanchiment. M. Karoui, vaincu à la présidentielle le 13 octobre par Kais Saied, a passé six semaines en prison en pleine campagne électorale, et ses concurrents politiques voient en lui l'incarnation de l'impunité. M. Fakhfakh ne compte pas non plus s'appuyer sur le Parti destourien libre (PDL, 17 sièges) de la député anti-islamiste Abir Moussi, qui critique la révolution de 2011 ayant mis fin au régime de Zine El Abidine Ben Ali et lancé la démocratisation de la Tunisie. Ces deux partis "ne sont pas dans le processus réclamé pour le moment par le peuple", a-t-il estimé. "Il faut créer une stabilité politique pour se consacrer à la transition sociale longuement attendue par le peuple." Les consultations se concentreront sur le programme de ce gouvernement avant de passer aux choix de son équipe, qui sera composée d'environ 25 membres avec "une participation réelle des femmes et des jeunes", a assuré M. Fakhfakh. Sans donner des détails sur ce programme, M. Fakhfakh a assuré que la priorité sera accordée aux réformes socio-économiques, et qu'il souhaite cesser de recourir à l'endettement pour couvrir les frais de fonctionnement de l'Etat. En cas d'échec d'un second vote de confiance, le pays se dirigerait vers de nouvelles législatives, ce qui ralentirait le travail de l'Exécutif, alors que l'année 2020 s'annonce charnière sur le plan économique, avec la fin d'un plan d'aide du Fonds monétaire international.