Le procès des 30 hirakistes, qui a été reporté à deux reprises, s'est déroulé finalement hier au tribunal d'Aïn Témouchent. Un procès auquel une vingtaine de hirakistes d'Oran et des membres de la Ligue algérienne des droits de l'Homme ont assisté. Les 30 prévenus, rappelons-le, sont accusés "d'attroupement non armé" et d'"incitation à attroupement non armé". Les hirakistes, qui ont été appelés à la barre et dont la défense a été assurée bénévolement par un collectif d'avocats, ont rejeté les accusations en affirmant avoir exprimé des positions pacifiques contre les élections sans avoir à contraindre quiconque. Certains se sont défendus en soutenant ne pas avoir fait partie des manifestants puisque ce jour-là, ils se trouvaient par hasard au mauvais moment, lors de l'embarquement des jeunes hirakistes. De son côté, Me Kerma Mohamed, qui a inauguré la plaidoirie, a soutenu que dans ce dossier, la politique a été mêlée à la loi alors que "les policiers n'ont jamais demandé aux manifestants de se disperser avant de les embarquer comme le stipule l'article 97 du code pénal", ajoutant que "c'est leur droit de s'opposer aux élections. C'est une position politique qui concerne la liberté d'opinion et d'expression garantie par la Constitution conformément à une convention internationale des droits civils et politiques qui a été ratifiée par l'Algérie. Aujourd'hui, nous sommes devant un moment historique. Comme chaque révolution, ce sont les militants fidèles qui paient la facture de leur sacrifice. Ils se sont révoltés face au régime de la corruption et de l'hégémonie car il ne faut pas oublier que ce hirak a concrétisé de nombreuses revendications, même s'ils considèrent que leur parcours n'est pas allé à son terme dans l'édification d'un Etat de droit, d'un Etat d'institutions, et c'est le droit de chaque révolutionnaire celui de ne permettre à quiconque de lui voler sa révolution". Pour étayer ses dires, Me Kerma a mis en avant l'exemple du rassemblement qui a été organisé par les ressortissants algériens tout récemment à Berlin lors de la présence du président de la République sans qu'ils soient inquiétés par les services de sécurité allemands. "Ce sont des pays qui respectent les droits et les libertés, des Etats qui ont progressé". Après les interventions de l'ensemble des membres du collectif des avocats qui ont tous demandé la relaxe de leurs mandants, lesquels ont fait de même, le président de la séance a annoncé que le verdict sera rendu le 5 février prochain. Le ministère public n'a pas dressé de réquisitoire se contentant d'appeler à l'application de la loi.