C'est encore une fois une impressionnante marée humaine qui a déferlé, hier, sur les rues de la ville de Tizi Ouzou pour prendre part à la 50e marche consécutive du vendredi pour exprimer son rejet catégorique de tout ce que propose le pouvoir et réaffirmer son attachement à la transition démocratique comme unique solution pour sortir de l'impasse actuelle. Comme chaque vendredi depuis près d'une année maintenant, il aura fallu moins d'une demi-heure pour que l'itinéraire de la marche soit submergé par les manifestants qui affluent de toutes les localités de la wilaya et même des wilayas limitrophes. À 14h, il fallait encore jouer des coudes pour avancer et sur la chaussée et sur le trottoir. La foule qui s'est ébranlée, à 13h30, du campus Hasnaoua en direction du centre ville, a encore fait montre de la même détermination que d'habitude à poursuivre sa révolution, mais avec plus de colère que d'habitude après l'appel lancé par un groupe de personnes au président de la République l'invitant à effectuer une visite à Tizi Ouzou. En réponse d'ailleurs à cet appel lancé jeudi par une prétendue société civile, les manifestants ont brandi plusieurs pancartes sur lesquelles on pouvait lire "Le pouvoir illégitime n'est pas le bienvenu à Tizi Ouzou". Les manifestants ont non seulement signifié à Tebboune qu'il est indésirable à Tizi Ouzou, mais encore qu'il est "illégitime" et qu'il ne les représente pas. "Le virus hegrouna est pire que le virus Corona", "Ya hna ya ntouma, tetnehaw gâa", lit-on encore sur d'autres pancartes et banderoles. "La hiwar la chiwar, errahil obligatoire", scandait-on dans les différents carrés. Comme à l'accoutumée, la grandiose foule ne s'est pas contentée de dénoncer le pouvoir et ses symboles, mais elle a aussi réaffirmé ses revendications. "7 et 8 : souveraineté au peuple ! C'est cela la loi, c'est cela la Constitution", "Pour une transition démocratique", "Pour un Etat civil et non militaire", "La Constitution doit émaner du peuple et être appliquée par l'Exécutif et non l'inverse", "Pour l'avènement d'une deuxième république", "Nos revendications sont : la liberté, la vérité, la démocratie, la justice sociale et la liberté d'expression" sont autant de messages écrits sur les pancartes portées par les manifestants qui ont dénoncé également l'exploitation du gaz de schiste et réclamé, sur d'autres, la libération des détenus d'opinion.