Au centre-ville, il était quasiment impossible de se frayer un passage. Une situation comparable aux premières marches de février. C'est un tsunami qui a déferlé, hier, sur la ville de Tizi Ouzou à l'effet de participer à ce 30e rendez-vous populaire pour le départ de tous les symboles de l'ancien régime et l'instauration d'un véritable Etat de droit et de démocratie. Avant même l'heure habituelle de départ de la marche, ils étaient déjà des dizaines de milliers de personnes à écumer le tronçon menant de l'entrée du campus Hesnaoua de l'université de Tizi Ouzou au stade du 1er-Novembre. Au centre-ville, il était quasiment impossible de se frayer un passage même sur les trottoirs. Les manifestants se comptent par centaines de milliers. Une situation comparable aux premières marches de mars dernier. Il y avait autant d'hommes que de femmes, de tous les âges, de toutes les catégories sociales, venus des quatre coins de la wilaya. La multiplication des manœuvres par le pouvoir qui tient, non seulement à organiser son élection présidentielle, que le peuple rejette, mais surtout à l'organiser avec la contribution du FLN et du RND dont le peuple ne cesse de réclamer la dissolution, a été, sans nul doute, déjà pour beaucoup dans cette remobilisation spectaculaire. Ajouté à cela la provocation de trop par l'arrestation de Karim Tabbou, qui a fait qu'à la détermination déjà fort remarquable de la rue qui ne jure plus que par la chute de tous les symboles du régime est venue se greffer une forte dose d'exaspération qui a contribué à l'accélération du processus de remobilisation. C'est d'ailleurs à coups de cris "Allahou Akbar Karim Tabbou" et en déployant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire "Nous sommes tous Karim Tabbou" et "Vos arrestations ne peuvent pas porter atteinte au moral du peuple, bien au contraire, elles renforcent sa détermination" que la marche s'est ébranlée, hier, de l'université de Tizi Ouzou pour se diriger vers la place de L'Olivier, via le centre-ville. L'arrestation de cet homme politique n'a évidemment pas fait perdre de vue à la marée humaine les autres manœuvres, notamment l'élection présidentielle que les manifestants ont encore une fois rejetée massivement. "On ne veut pas de ton élection Gaïd : le peuple vote déjà dans la rue chaque vendredi", "Non aux élections, non au suicide", "Non à la feuille de route", "Non aux élections avec el-îssabate", "La antakhib", lit-on sur de nombreuses pancartes brandies par des manifestants qui scandaient tantôt "La hiwar la chiwar, errahil obligatoire", tantôt "Makanch intikhabat yal îssabate". Tout en scandant également "Smaâ smaâ yal Gaïd, daoula madania matchi âaskaria", "Ulac l'vot ulac", "Ya hna ya ntouma, maranach habssin", "Istiqlal", "Gaïd Salah, Bensalah, houkouma oua el barlamen, tetnehaw gaâ". Sur d'autres banderoles et pancartes, on pouvait lire également : "Barakat min khitabat etahdid, etakhouine oua tafrika", "Vous, vous avez la force et nous, nous n'avons pas le choix : terrahlou gaâ", "La marche, c'est la voix du peuple : 30e vendredi, 30e référendum : non à la dictature militaire. Non aux élections de la îssaba", "Le peuple pacifique. Le pouvoir panique".