Une étude réalisée par un bureau d'études étranger Sema-Schlumberger pour le compte de l'Administration centrale algérienne relève qu'une application immédiate du démantèlement tarifaire aurait un effet dépressif certain sur la production sectorielle et sur l'emploi. L'entrée en vigueur, confirmée le 1er septembre prochain, de l'accord d‘association signé avec l'Union européenne rend urgent la mise en place d'un programme massif de mise à niveau des entreprises. La question est d'autant plus urgente que des opérateurs économiques eux-mêmes soutiennent que “90% des entreprises algériennes fabriquent des produits qui ne répondent pas aux normes internationales”. Une étude portant “Analyse des impacts macro-économiques et sectoriels de l'accord d'association entre l'Algérie et l'Union européenne”, réalisée par un bureau d'études étranger Sema-Schlumberger pour le compte de l'Administration centrale algérienne relève qu'une application immédiate du démantèlement tarifaire aurait un effet dépressif certain sur la production sectorielle et sur l'emploi. L'effet dépressif sur la production au niveau sectoriel va affecter sensiblement de nombreux secteurs d'activité. Les secteurs les plus touchés en valeurs absolues sont, entre autres, les textiles, l'agroalimentaire, les matériaux de construction, les ISMME, pour ne citer que ces secteurs. En matière d'emploi, l'effet négatif du démantèlement affecte l'ensemble des secteurs même si c'est de façon très inégale. L'impact global en termes d'emplois industriels est assez significatif, puisqu'il touche une perte totale estimée à 58 020 emplois ; même si cette estimation est une simple extrapolation de la diminution de la masse salariale, elle reste préoccupante par son ampleur. Malgré ces nombreuses limites que, dans certains cas, les auteurs eux-mêmes n'omettent pas de signaler (notamment le délai restreint et des informations économiques essentielles indisponibles), l'étude reste déjà en soi une opportunité de se pencher sérieusement sur les implications prévisibles sur l'économie algérienne de l'application d'un accord d'association déjà conclu. Dans cet esprit, il serait souhaitable que le résultat de cette étude soit non seulement rendu public, mais qu'il puisse donner lieu à un débat ouvert. L'essentiel de cette étude est celle de l'effet dépressif que l'application de l'accord d'association ne manquera pas d'avoir sur l'ensemble de l'économie algérienne. L'appréhension de cet impact négatif a été souvent soulevée par les entreprises algériennes sans donner lieu, jusque-là, à une réflexion sur les voies et moyens d'y faire face. Il est du reste important de souligner que cette conclusion importante de l'étude est le résultat d'une simulation purement théorique qui appréhende les conséquences d'une application immédiate de l'accord : en d'autres termes, les autorités économiques disposent d'un délai important pour mettre en place la politique et les instruments qui permettraient à l'économie algérienne de surmonter cet écueil. C'est, depuis longtemps, la revendication principale des entreprises. Malheureusement, les organisations patronales semblent prêcher dans le désert. Le processus de mise à niveau des entreprises est jugé mal géré, insuffisant et trop long. Depuis la mise en route du programme d'aide à la mise à niveau des entreprises, géré par le ministère de l'Industrie, en 2002 jusqu'à fin octobre 2004, seuls 293 dossiers ont été introduits par les entreprises. Sur les 278 dossiers traités, 191 seulement ont été retenus pour bénéficier de l'aide au titre de la phase diagnostic. Quant à la phase de mise à niveau, le ministère de l'Industrie évoque 83 dossiers soumis (49 entreprises publiques et 34 privées). Le traitement a concerné 73 entreprises dont 69 ont été retenues pour bénéficier de l'aide du Fonds de promotion de compétitivité industrielle, 64 au titre du plan de mise à niveau et 5 limitées à l'étude de diagnostic. Le bilan est très maigre eu égard au fait qu'à partir de l'an prochain, les PME, qui constituent l'essentiel du tissu industriel algérien, seront confrontées à une protection tarifaire beaucoup moins forte au profit des produits importés. Le chemin est encore trop long quand on sait qu'en Tunisie, 2 200 entreprises ont été mises à niveau. Meziane Rabhi