Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a vertement critiqué hier la Russie, lui reprochant de "ne pas honorer" les accords bilatéraux visant à empêcher une offensive d'envergure du régime dans le nord-ouest du pays. Des combats meurtriers entre soldats turcs et armée syrienne ont fait hier au moins 17 morts dans le nord-ouest de la Syrie, faisant monter d'un cran les tensions entre Ankara et Moscou, le principal allié de Damas. Il s'agit de l'incident le plus grave entre Damas et Ankara depuis l'intervention de la Turquie dans le conflit syrien en 2016 pour combattre le groupe terroriste autoproclamé "Etat islamique" (EI) et contrer l'avancée des forces kurdes près de sa frontière. Les confrontations directes meurtrières entre la Turquie, qui soutient des rebelles syriens, et les forces de Damas ont été très rares depuis le début de la guerre en 2011. Toujours dans le nord-ouest de la Syrie, où les forces syriennes alliées à l'armée russe combattent des forces terroristes et rebelles, 9 civils ont été tués hier dans des raids, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), qui n'a pas précisé qui était derrière les frappes. Les combats entre soldats syriens et turcs interviennent quelques jours après que le président turc Recep Tayyip Erdogan a accusé la Russie de "ne pas honorer" les accords bilatéraux visant à empêcher une offensive d'envergure du régime dans le nord-ouest du pays. L'armée syrienne, soutenue par l'aviation russe, a lancé une offensive importante sur la ville stratégique d'Idleb, une des dernières régions qui échappe encore au contrôle du gouvernement syrien. Le ministère de la Défense a précisé que les militaires turcs visés avaient été envoyés à Idleb pour renforcer des postes d'observation turcs se trouvant dans cette région et que leur déploiement avait fait l'objet d'une coordination. Ces échanges de tirs font monter d'un cran la tension autour d'Idleb, dernier bastion dominé par des terroristes et des rebelles en Syrie. La Turquie a déployé des militaires dans plusieurs postes d'observation dans la région d'Idleb dans le cadre d'un accord conclu avec la Russie visant à faire cesser les violences. Mais les forces régulières de Bachar al-Assad, appuyées par Moscou, ont intensifié depuis plusieurs semaines leur offensive dans cette province, multipliant les bombardements meurtriers. Ankara, qui appuie des groupes rebelles syriens, a haussé le ton ces derniers jours, allant jusqu'à critiquer la Russie avec laquelle la Turquie coopère pourtant étroitement en Syrie. "Je veux m'adresser en particulier aux autorités russes : notre interlocuteur, ce n'est pas vous, c'est le régime (syrien). N'essayez pas de nous entraver", a déclaré M. Erdogan hier. "Nous ne pouvons pas rester silencieux alors que nos soldats tombent en martyrs. Nous allons continuer de demander des comptes", a-t-il ajouté. Le porte-parole du parti de M. Erdogan, l'AKP, a estimé que le "régime" syrien avait attaqué les soldats turcs car il se sentait "protégé par le parapluie russe". "Après cette attaque, les éléments du régime qui se trouvent dans cette région sont pour nous des cibles."