Des étudiants, des artistes, des journalistes ou de simples utilisateurs des réseaux sociaux sont arrêtés et inculpés pour leurs critiques non violentes des autorités marocaines. L'Organisation Human Rights Watch (HRW) et l'Association marocaine des droits humains (AMDH) ont dénoncé hier la campagne de répression menée par les autorités marocaines contre les utilisateurs des réseaux sociaux, appelant à la libération immédiate et à l'abandon des poursuites contre les personnes concernées. Depuis septembre 2019, les autorités marocaines ont arrêté et poursuivi au moins 10 activistes, artistes ou autres citoyens qui n'ont fait qu'exprimer pacifiquement des opinions critiques sur Facebook, YouTube ou via des chansons de rap, ont alerté dans un communiqué conjoint HRW et l'AMDH. "Ces personnes n'ont fait qu'exercer leur droit à la liberté d'expression. Les autorités devraient les libérer immédiatement et abandonner les poursuites contre elles." Les concernés sont accusés de "manque de respect dû au roi", "offense aux institutions de l'Etat" et "outrage envers des fonctionnaires publics". Aucun n'a été poursuivi en vertu du code de la presse et de l'édition, qui couvre les délits liés à toute forme de discours public, tous le sont en vertu du droit pénal qui, contrairement au code de la presse et de l'édition, prévoit des peines de prison, soulignent les ONG. "De plus en plus de Marocains utilisent les réseaux sociaux pour exprimer des opinions politiques audacieuses, notamment au sujet du roi, et c'est leur droit le plus absolu", a déclaré Ahmed Benchemsi, directeur de la communication pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord à Human Rights Watch, expliquant que "face à l'autocensure qui s'érode, les autorités répriment frénétiquement dans le but de rétablir les lignes rouges". Parmi ces hommes, des étudiants, des artistes, des journalistes et de simples utilisateurs des réseaux sociaux, arrêtés et inculpés pour leurs critiques non violentes des autorités marocaines. Certains ont contrasté la richesse et le mode de vie luxueux du roi Mohammed VI avec ce qu'ils perçoivent comme l'incapacité de l'Etat à garantir les droits fondamentaux des Marocains et à leur offrir des opportunités économiques. D'autres ont encouragé leurs concitoyens à manifester pacifiquement contre les injustices socioéconomiques. En partenariat avec l'Association marocaine des droits humains, Human Rights Watch a publié le 5 février un répertoire en ligne des Marocains récemment emprisonnés ou inculpés en violation de leur droit à l'expression libre et pacifique. Ce répertoire sera mis à jour à mesure que de nouveaux cas seront documentés. "Les autorités marocaines ont longtemps pris prétexte de délits de droit commun pour punir les voix dissonantes (...) elles attaquent frontalement la liberté de parole", a souligné Ahmed Benchemsi.