Il n'aura fallu à Belkhadem tout au plus qu'une heure pour défendre la charte pour la paix et la réconciliation nationale lors d'une rencontre, hier matin, à la Maison de la culture de Mostaganem. Dès 10h30, les organisateurs, réalisant que la salle ne serait pas suffisamment pleine pour accueillir l'ancien ministre des Affaires étrangères — seuls les premiers rangs étaient occupés — ont choisi de se regrouper dans une salle exiguë et étouffante et où les prises de vue de l'ENTV ne trahiraient pas le fait que très peu de personnes avaient fait le déplacement. Sur l'estrade, toutes les personnalités locales (Oran et Mostaganem) du FLN étaient présentes, mais celui qui ne pouvait pas passer inaperçu est l'ancien maire d'Oran, ex-FIS, actuellement directeur de l'éducation à Mostaganem. Le secrétaire général du FLN prendra d'emblée la parole pour s'attaquer à tous ceux qui “sèment le doute et s'interrogent au sujet de la charte. Avec qui la réconciliation et pour qui ?” Belkhadem leur réplique que “la charte est la meilleure des choses pour tout le pays…” Et d'ajouter avec contradiction : “ Il faut rendre justice, ne pas poursuivre les gens, rendre aux ayants droit leur droit, faire cesser l'effusion de sang, la confrontation entre les Algériens… Le pays ne pouvait continuer ainsi dans la violence.” L'orateur rappellera alors le résultat sans équivoque du référendum pour la concorde civile qui “a apporté la stabilité”. Il va même le comparer au référendum de 1962, celui de l'Indépendance ! Dans cette logique, le secrétaire général du FLN estime alors que le résultat du 29 septembre ne peut que dépasser celui de la concorde civile : “Nous n'avons pas peur du résultat car le peuple est pour la paix. Ce qui est à craindre, c'est une démobilisation des électeurs… et que certains n'aillent pas voter comptant sur leurs voisins.” Belkhadem appellera alors à la mobilisation. Et comme pour anticiper sur un taux d'abstention important et la lecture politique qui en sera faite, l'intervenant dira : “Avec 70% de participation au référendum, cela ne voudra pas signifier que les 30% sont contre la charte.” À la fin de la rencontre, alors qu'il lui était demandé de réagir aux déclarations du chef de l'AIS qui se disait prêt à être jugé, Belkhadem se cachera presque derrière le peuple : “Si dans sa grande majorité, le peuple décide de ne plus traduire devant les tribunaux et de faire gracier ces gens-là, c'est la volonté populaire qui doit être respectée. Tout le monde devra se plier à la volonté populaire.” F. Boumediène