Objet de controverses verbales le plus souvent passionnées, notamment sur les réseaux sociaux depuis près d'une semaine, la 51e marche de la communauté universitaire a failli être confinée dans l'enceinte du campus. Et pour cause, des couacs entre étudiants et activistes d'horizons divers ont émaillé le rendez-vous de mardi passé particulièrement en raison de mots d'ordre que certains groupuscules ont tenté d'imposer aux marcheurs. Slogans qui ne cadrent aucunement avec l'esprit imprégné par les universitaires de Constantine à la mobilisation des campus autour du hirak, laquelle avait atteint son apogée à un certain moment. À titre d'exemple, ils avaient exhibé des portraits de l'ex-dirigeant du FIS dissous Ali Benhadj en répétant "Ali Benhadj khellouh issali" (Laissez Ali Benhadj prier) ou encore un slogan tel que "Winek winek ya âadala, Zitout (et/ou) Amir dz fdah el hala" (Où est la justice, Larbi Zitout (Amir Dz) a tout dévoilé). Soupçonnant donc des tentatives d'infiltration orchestrées par des chapelles d'obédience islamiste établies à l'étranger, mais dont l'activisme ostentatoire de ses relais au sein du hirak est devenu assez pesant, les étudiants de Constantine ont décidé dans un premier temps de surseoir à la tenue d'une marche dans la ville en organisant un grand rassemblement au campus des Frères Mentouri. Une option qui ne fera pas l'unanimité parmi les étudiants eux-mêmes, lesquels ont fini par reconduire la manifestation de rue traditionnelle. Une marche pour ressouder les rangs donc, mais qui aura tout de même accrédité les craintes soulevées par une partie de la communauté universitaire, dont la récupération médiatique de sa mobilisation à travers les réseaux sociaux inféodés par des islamistes devenus, comme par enchantement, des chantres de la liberté et de la démocratie. Cela étant, ce 51e acte de la mobilisation estudiantine à Constantine n'a pas dérogé, en gros, aux prestations passées de cette communauté qui a dit, une fois de plus, tout ce qu'elle pense de l'indépendance de la justice et de la liberté d'expression, exigeant avec force la libération des détenus d'opinion et activistes emprisonnés.