La communauté universitaire de Constantine qui a marché hier, dans des conditions climatiques extrêmes, pour le 38e mardi, depuis le 26 février dernier, a réaffirmé son engagement indéfectible pour la concrétisation des revendications portées par le "hirak", démontrant aussi qu'elle reste à l'avant-garde du combat pour "la dignité, la liberté et la justice sociale". Une devise que ne cessent de répéter en toutes circonstances les étudiants des différentes universités de Constantine qui ont défié le vent glacial et les pluies torrentielles qui se sont abattues hier sur la ville. Ils renouent ainsi avec les grands moments de mobilisation dans les campus et à travers les rues de l'antique Cirta, lesquels furent marqués par des bravades impressionnantes et sans répit pendant plus de huit mois. Aussi, le froid qui s'est installé cette semaine dans la ville des Ponts a, paradoxalement, boosté la détermination de la communauté universitaire constantinoise, puisque l'on relève depuis trois mardis au moins que les marches sont de plus en plus importantes et drainent un plus grand nombre d'étudiants et de citoyens. Hier, le ton était donc à l'indignation à la suite des verdicts prononcés la veille par le tribunal de Sidi M'hamed à l'encontre d'activistes du hirak arrêtés. Et c'est par "Ya kadi ya maghboune, rahou jak etiliphoune" (Pauvre juge, qui attend des instructions par téléphone pour rendre ses sentences), scandaient-ils en substance, ou encore "Dites aux juges et aux procureurs de la République que nous les croyions libérés alors qu'ils subissent toujours la servitude, dites-leur qu'ils sont injustes et qu'ils doivent libérer nos enfants, dites-leur que brandir un emblème n'est pas un crime", que les étudiants ont entamé leur procession, parapluies ouverts, tellement les rafales de vent et de pluies étaient fortes. La suite de la marche n'a pas dérogé aux traditions établies puisque les manifestants ont marqué, comme à leur habitude, une halte devant le siège de l'Ugta, la cour de justice et le tribunal de Constantine. Au même moment, à l'université 3 Salah-Boubnider, se tenait un autre rassemblement. Une marche a été organisée au sein même du campus, le plus grand du continent africain. C'est que la veille, lors de l'assemblée générale des étudiants, des représentants de pas moins de dix instituts et facultés avaient décidé de tenir deux marches simultanées en raison notamment de l'éloignement de l'université 3 située à une vingtaine de kilomètres du centre-ville. Là, les étudiants qui ont scandé les mêmes mots d'ordre étaient regroupés derrière une grande banderole sur laquelle on pouvait lire : "Etudiants, employés administrateurs, l'Algérie vous interpelle, soyez dignes, ne l'ignorez pas." Kamel Ghimouze