L'élection présidentielle de jeudi dernier, sa sanction ou encore la main tendue au hirak par le président "élu" n'ont pas eu d'effet notable sur la mobilisation citoyenne, dont celle de la communauté universitaire, contre le système en place. Les étudiants et les enseignants des universités de Constantine qui ont marché hier pour le 43e mardi mais aussi le premier depuis l'élection d'Abdelmadjid Tebboune à la tête de l'Etat ont fait preuve de la même détermination en reconduisant toutes les demandes du hirak, mais aussi en rejetant et le nouveau président et son offre de dialogue. Au slogan scandé sans cesse durant près de dix mois par les manifestants "Pas d'élection avec les gangs" s'est substitué donc "Pas de dialogue avec les gangs". Tant d'autres mots d'ordre adaptés à la situation d'après-élection ont également marqué ce 43e acte de mobilisation des étudiants de Constantine. Ces derniers, qui sont arrivés à la place Amirouche (la Pyramide) vers 13h depuis le campus central Frères-Mentouri, ont été rejoints par d'autres étudiants et citoyens qui attendaient sur place. Par centaines, ils sillonneront les principales artères de la ville et marqueront plusieurs haltes, tantôt pour entonner l'hymne national, tantôt pour reprendre en chœur des slogans appropriés, telle l'exigence de la libération des détenus d'opinion et des activistes du hirak emprisonnés, scandés devant le tribunal et la Cour de justice. D'ailleurs, pour bon nombre de marcheurs, "les véritables héros et porte-parole du hirak sont en prison et aucun dialogue ne se fera sans eux". Et alors qu'un allègement du dispositif sécuritaire mis en place était perceptible en ce 43e mardi de marche, les manifestants dénonceront à travers leurs pancartes et par des chants la répression policière dont ont été victimes des manifestants à Oran, de même qu'ils rendront hommage aux citoyens de Kabylie qui n'ont globalement pas voté. En attendant donc le 44e vendredi qui constituera le véritable test pour le hirak et qui interviendra au lendemain de l'investiture du nouveau président, les étudiants semblent montrer, pour leur part, la voie à suivre.