Hier, les manifestants témouchentois ont vécu une véritable fête de la St-Valentin en se réconciliant avec le hirak qu'ils avaient abandonné malgré eux depuis le vendredi "acte 42" qui a précédé la fameuse élection présidentielle du 12 décembre. Hier, c'était une journée historique avec la réappropriation de la rue. Ils étaient des centaines, voire des milliers, à avoir marché pour rejeter le système en place. Ils ont brisé le mur de la peur, galvanisés par le verdict rendu par le tribunal en faveur d'une trentaine de hirakistes qui ont été relaxés. Les hirakistes témouchentois n'étaient pas seuls hier, et pour cause. Ils ont été rejoints par de nombreux jeunes venus des wilayas limitrophes, Oran, Sidi Bel-Abbès, Tlemcen, en plus de ceux qui ont fait le déplacement d'Alger, en l'occurrence pour donner de la voix et relancer le mouvement révolutionnaire après deux mois d'absence. Même les femmes étaient de la partie. À Mascara, et en dépit de la présence massive des forces de l'ordre à la place Emir-Abdelkader, lieu habituel de leur rendez-vous, les activistes du hirak ont défié l'interdit en manifestant ce 52e vendredi. En effet, ils étaient quelques centaines à marcher de la bibliothèque municipale jusqu'à la place Emir-Abdelkader en scandant des slogans hostiles au pouvoir. Au fur et à mesure que la marche progressait, l'arrivée massive de jeunes et de moins jeunes — qui ignoraient la programmation de ce mouvement — venait grossir les rangs des manifestants. Enfin, à Sidi Bel-Abbès, la mobilisation citoyenne en ce 52e vendredi n'a pas fléchi, et comme il fallait s'y attendre, des dizaines d'irréductibles manifestants ont de nouveau battu le pavé, en scandant à tue-tête "Allah Akbar Karim Tabou", "Allah Akbar Mohamed Belhadi" et "Libérez les détenus d'opinion". Après plus de trois heures, la procession, encadrée par un important dispositif policier, a sillonné la ville puis s'est dispersée dans le calme.