Une forte mobilisation a marqué la 52e marche des étudiants hier à Alger. Les policiers, exaspérés, ont tenté de disperser plusieurs fois la foule. Des interpellations ont été enregistrées. Les étudiants ont respecté, hier, pour le 52e mardi consécutif, le pacte de la révolution contre le régime. Ils ont imposé, parfois contre le gré de la police, une marche impressionnante dans les rues de la capitale. Comme d'habitude, le premier cortège des manifestants a démarré de la place des Martyrs à 10h après l'accomplissement du rituel afférent à l'hymne national. Il s'est engagé dans la rue Bab-Azzoun, puis Ben-M'hidi, drainant, au fur et à mesure de sa progression, des adeptes, essentiellement des citoyens de tous âges. Abdou, l'étudiant qui donne traditionnellement le coup de starter à l'action hebdomadaire des potaches, a harangué la foule en rappelant le combat et les sacrifies des moudjahidine durant la guerre de Libération nationale. Ses propos tombaient sous le sens, en ce 18 février, Journée nationale du chahid. "Dawla madania, machi âaskaria" a fusé spontanément des milliers de bouches des manifestants. Aux slogans standards hostiles au régime s'est greffée, ce mardi, l'expression du refus des supporters de deux clubs algérois phare d'assister au match programmé le 22 février, jour du premier anniversaire du mouvement citoyen. "Pas d'USMA, pas de Mouloudia, le derby se jouera à El-Mouradia", ont signifié clairement les protestataires. Certains d'entre eux ont dépoussiéré les pancartes des premières semaines du hirak : "Un seul héros, le peuple" ; "Souveraineté au peuple" ; "Articles 7 et 8 (de la Constitution, ndlr)". Beaucoup ont rendu hommage au procureur de la République adjoint près le tribunal de Sidi M'hamed, qui a fait récemment un plaidoyer en faveur de la relaxe de justiciables poursuivis pour leur activisme dans la révolution, et ont, a contrario, fustigé le ministre de la Justice, garde des Sceaux. La marche suit son cours et son parcours sans incident pendant près de trois heures. Vers 13h, des policiers ont tenté de disperser les manifestants à proximité de la place de la Grande-Poste, en s'infiltrant dans la foule. Les frondeurs leur ont répliqué par "Pouvoir assassin", tout en serrant leurs rangs. Sur signal des étudiants leaders de la marche, ils ont changé brusquement de direction et sont remontés sur la rue Didouche-Mourad, puis ont bifurqué sur la rue Khelifa-Boukhalfa, en criant : "Le peuple est libre, c'est lui qui décide, Etat civil" et "Tebboune m'zaouar, djabouh l'âaskar, makanch chariâa" (Tebboune est le produit de la fraude ; il a été coopté par l'armée, il n'a pas de légitimité). L'interpellation musclée d'un porteur de la bannière amazighe, aux abords de la mosquée Errahma, a provoqué la colère de la foule qui a tenté de le dégager des mains de la police. Peine perdue. Deux arrestations sont signalées. Nullement désarçonnée par l'opération des agents de la Sûreté nationale, la procession a repris son chemin vers la place Audin. Les étudiants ont marqué la fin de la manifestation, comme de coutume, en entonnant deux couplets de Qassaman.