La foule des grands jours était au rendez-vous, hier, à l'occasion de la 53e marche du hirak. Cette manifestation de rue revêt un cachet particulier, vu qu'elle intervient la veille du premier anniversaire du déclenchement de la révolution du sourire en marche. C'est dans une ambiance festive que des milliers de Béjaouis ont célébré, hier, cette journée commémorative qui a marqué la fin d'une époque, celle du règne sans partage du régime Bouteflika. Des cris de joie, les youyous stridents de femmes, des slogans et des chants fusent de partout, des fanfares au son du tambour, autant de scènes de liesse et d'euphorie ont marqué la manifestation d'hier à Béjaïa. Arborant des drapeaux et autres fanions aux couleurs nationales aux côtés de l'emblème amazigh, les manifestants béjaouis ont scandé de nouveau les slogans habituels du hirak. "Dawla madania, matchi âaskaria" (Pour un Etat civil et non militaire) et "Djazaïr hourra dimocratia" (Pour une Algérie libre et démocratique) sont les principaux mots d'ordre de cette 53e marche organisée dans la capitale des Hammadites. Les marcheurs, qui ont sillonné les principales artères de la ville de Yemma Gouraya, ont pointé du doigt "l'illégitimité" du chef de l'Etat, Abdelmadjid Tebboune, en scandant à tue-tête "Raïs m'zawer, makanch echar3iya, echaâb m'harar, houwa liqarar, dawla madania" (Un président mal élu n'est pas légitime. Le peuple libéré est souverain. Nous voulons un Etat civil). L'immense foule, qui comptait de nombreux enfants, des jeunes et moins jeunes, des femmes et même des personnes à mobilité réduite, a également réitéré les exigences du mouvement populaire, à savoir "La libération de tous les détenus politiques et d'opinion", "L'abrogation de la loi sur les hydrocarbures", "L'interdiction d'exploitation du gaz de schiste", "L'ouverture des champs politique et médiatique", "L'indépendance de la justice", "La mise en place d'une période de transition démocratique sur la base d'un processus constituant souverain"… Notons enfin qu'un hélicoptère de la Sûreté nationale n'a pas cessé de voler, hier, dans le ciel béjaoui, filmant le déroulement de la marche qui s'est ébranlée, à 13h30, depuis la maison de la culture Taos-Amrouche pour se diriger vers l'ancienne ville, soit un itinéraire de quelque trois kilomètres.