Les affrontements entre forces turques et syriennes ont aussi creusé un fossé entre Ankara et Moscou lesquels, en dépit de leurs intérêts divergents, avaient renforcé leur coopération ces dernières années. Le nord-ouest de la Syrie était le théâtre d'une brusque escalade militaire hier après la mort d'une cinquantaine de combattants dans des affrontements entre forces turques et syriennes à Idleb, dernier bastion des terroristes dans ce pays en guerre depuis neuf ans. Selon un dernier bilan, vingt soldats syriens ont été tués par des bombardements turcs menés en représailles à la mort d'au moins 33 soldats jeudi dans la région d'Idleb dans des frappes aériennes attribuées par Ankara à Damas, a rapporté hier l'Observatoire syrien des droits de l'homme. Cette brusque poussée de fièvre risque d'aggraver encore la situation humanitaire déjà catastrophique à Idleb, où plusieurs centaines de civils ont été tués et près d'un million de personnes déplacées ces derniers mois par l'offensive qu'y mène depuis décembre 2019 le régime de Damas appuyé militairement par Moscou. Les Nations unies ont appelé à un cessez-le-feu immédiat, soulignant que le "risque d'une escalade encore plus grande augmentait d'heure en heure". Mais Bachar al-Assad semble décidé à poursuivre son offensive dans cette province frontalière, où sont retranchés les derniers groupes terroristes soutenus par la Turquie. "Des unités de l'armée arabe syrienne ont poursuivi leurs opérations militaires contre les réseaux terroristes soutenus par le régime d'Erdogan dans la banlieue d'Idleb, et ont mené des frappes intensives contre leurs repaire et rassemblements sur l'axe de Saraqeb, leur infligeant de lourdes pertes", a rapporté l'agence officielle Sana, précisant que "dans la zone des opérations, les unités de l'armée avaient continué à prendre pour cible les terroristes sur l'axe de Saraqeb dans la banlieue sud-est d'Idleb". Les affrontements entre forces turques et syriennes ont aussi creusé un fossé entre Ankara et Moscou lesquels, en dépit de leurs intérêts divergents, avaient renforcé leur coopération ces dernières années. Hier, le ministère russe de la Défense a affirmé que les soldats turcs tués jeudi avaient été touchés car ils se trouvaient parmi des "unités combattantes de groupes terroristes". Affirmant que la Turquie n'avait pas communiqué la présence de ses troupes dans la zone concernée et qu'elles "n'auraient pas dû s'y trouver", le ministère russe a en outre affirmé que les forces aériennes n'avaient "pas été utilisées dans cette zone". S'engouffrant dans la brèche ouverte par ces tensions, les Etats-Unis ont appelé la Turquie à voir "la Russie telle qu'elle est vraiment" et à renoncer aux systèmes russes de défense antiaérienne S-400. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a convoqué dans la nuit de jeudi à hier un conseil de sécurité extraordinaire à Ankara. Hier matin, la presse turque faisait part de son choc et de sa colère, certains journaux proches du pouvoir appelant à la "vengeance". Les tensions n'ont cessé de croître ces dernières semaines à Idleb, avec plusieurs affrontements entre les forces turques et syriennes qui ont fait au total 53 morts dans les rangs des forces d'Ankara en février.