Le collectif d'avocats engagé dans la défense des activistes du hirak compte engager une série d'actions afin de protester contre ce qu'il appelle "une emprise manifeste des services de sécurité sur le travail de la justice". En guise de première riposte, un rassemblement improvisé des robes noires a été organisé, mardi, en fin d'après-midi, à l'issue d'une journée ponctuée par la mise sous mandat de dépôt de l'activiste politique Samir Belarbi et du coordinateur des familles des disparus Slimane Hamitouche ainsi que le placement sous contrôle judiciaire du journaliste Khaled Drareni pour les mêmes chefs d'inculpation, à savoir "attroupement illicite" et "atteinte à l'unité nationale". Selon l'avocat Mustapha Bouchachi, "ces chefs d'inculpation sont contredits par la réalité des faits et surtout par le va-et-vient des dossiers entre le commissariat de Cavaignac et le tribunal de Sidi M'hamed. Il y a eu un empiètement des services de sécurité sur les prérogatives de la justice qui, à son tour, est un instrument entre les mains du système. C'est pour cela que nous devons nous élever contre ce genre de procédures". Me Adelghani Badi pense aussi que "les services de sécurité et la justice travaillent actuellement pour le compte du pouvoir et non pour protéger les intérêts des citoyens. Certains prennent en otage la justice dans le cadre de luttes politiques. C'est une déviation face à laquelle nous ne pouvons pas rester silencieux". Les avocats dénoncent, en outre, les "violences policières" dont a été victime le policier Toufik Hassani et regrettent "le silence du parquet sur les dépassements qui deviennent récurrents", affirment-ils. Me Aïcha Bakhti certifie que la défense va "utiliser toutes les voies de recours légales pour déposer plainte suite aux déclarations de certains activistes qui se sont plaints d'avoir subi des tortures. Car si nous nous taisons sur ces dépassements, nous devenons complices". Citant les témoignages du hirakiste Brahim Laâlami, du coordinateur de l'Union démocratique et sociale, Karim Tabbou et du policier Toufik Hassani, la Ligue algérienne des droits de l'Homme a rappelé que "la torture est un crime condamnable par les lois nationale et internationale" appelant les autorités compétentes "à prendre au sérieux cette question". Pour Me Ali Laouari, il s'agit de protéger l'intégrité physique et morale de tout "prévenu qui peut recourir au parquet pour se plaindre de tout dépassement qu'il aurait subi pendant son interpellation et son audition. Son droit à un examen médical, de contacter sa famille et son avocat est garanti par le code de procédure pénale et ne doit faire l'objet d'aucun dépassement". Me Ali Laouari soutient que "les avocats multiplient les dénonciations lors des procès des détenus du hirak, contre le recours excessif à la détention provisoire, qui est en contradiction avec les lois algériennes stipulant que le mandat de dépôt doit être l'exception, dans le respect du principe de la présomption d'innocence de tous les citoyens". L'avocat ajoute que les arrestations des hirakistes sont "en totale contradiction avec la Constitution qui garantit les libertés individuelles et d'expression".